Xavier Dollo et Simon Pinel, fondateurs des éditions Argyll. - Photo Xavier Dollo/Simon Pinel
Argyll : entre éthique et imaginaire (5/5)
Trophée de la Petite maison d'édition 2024 (5/5). Cette semaine, Livres Hebdo présente chaque jour, en texte et en vidéo, l'un des nommés de ses Trophées de l’édition 2024 dans la catégorie de la petite maison d’édition de l’année. Aujourd'hui, Argyll, éditeur éthique qui promeut le roman de genre pour penser le monde de demain.
« Avant d’être éditeur, je suis d’abord lecteur ». C’est avec cette considération bien en tête que Simon Pinel, ancien cofondateur des éditions Critic, décide de lancer en mars 2021 la maison Argyll. Pilier d’un « projet économique et solidaire », aussi composé d’une librairie et d’un incubateur d'événements, la nouvelle marque éditoriale basée à Rennes a vu le jour grâce à l’ambition d’une bande de copains - Xavier Dollo, Xavier Collette, Frédéric Hugo et Simon Pinel- désireux de chambouler la rémunération classique des auteurs.
« Nous préférons publier peu et défendre les parutions sur le long terme », assure Simon Pinel. Sur les sept ouvrages - six romans et un essai - qui s’ajoutent annuellement au catalogue de la maison diffusée par Harmonia Mundi, chaque nouvelle recrue bénéficie d’un accompagnement personnalisé. Et pour cause : les auteurs brossent eux-mêmes les grandes lignes de leur contrat d’édition. « À partir de contrats classiques, les auteurs rayent ou ajoutent eux-mêmes les éléments qu’ils souhaitent voir figurer, l’objectif étant qu’ils puissent s’approprier l’accord et en créer un dont ils sont fiers », détaille l’éditeur. Chaque plume qui signe son entrée se voit également offrir des parts de la maison, structurée en société coopérative. « Les auteurs perçoivent 12 % de droits d’auteur et n’ont pas d’à-valoir, mais un forfait qui s’actualise », ajoute le patron d’Argyll.
L’imaginaire, caisse de résonance de l’actualité
Hormis une collection d’essais sur l’écriture, la maison s’est surtout spécialisée dans le roman de genre. Si le polar et les romans historiques n’en sont qu’à leur balbutiement, l’imaginaire, pièce maîtresse du catalogue, s’illustre notamment avec les françaises Anne Fakhouri (Trois battements, un silence), Anouck Faure (La cité diaphane) ou encore Floriane Soulas (Tonnerre après les ruines), ainsi qu'avec de multiples traductions étrangères, dont La monture de Carol Emshwiller ou encoreLes nomades du Fer, dystopie écologique et matriarcale d’Eleanor Arnason.
Les plumes féminines sont légion chez Argyll, qui souhaite à l’horizon 2024 développer « Récifs », une collection « entièrement féminine », composée de textes courts donnant la parole à « des voix assez radicales, rappeuses et parfois poétiques », parmi lesquelles Sofia Samatar, Margaret Killjoy et Mu-Ming. De quoi apporter un coup de projecteur « à des autrices jamais publiées en France, alors même qu’elles ont reçu plusieurs prix à l’étranger », soutient Simon Pinel. Pour l’éditeur, les univers proposés par la science-fiction et le fantastique sont autant de biais par lesquels approcher les problématiques brûlantes de l’actualité. « Nous sommes lus par un très jeune lectorat pour qui des thématiques comme l’écologie sont importantes. Les livres peuvent leur donner des pistes pour créer un monde meilleur », constate-t-il.
Également soucieux de l’accessibilité au livre, les membres de l’équipe éditoriale ont décidé d’adapter tous leurs ouvrages en version numérique. Une manœuvre qui, comme les autres démarches de la maison, converge vers une seule et même aspiration : dessiner les contours de l’édition de demain.
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Par
Charles Knappek
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