Moins d'une semaine après la publication aux Presses universitaires de France (PUF, groupe Humensis / Albin Michel) de l'essai collectif Face à l'obscurantisme woke, l'éditeur annonce déjà à Livres Hebdo une réimpression. Signé par un collectif d'universitaires, l'ouvrage a fait l'objet d'un tirage initial de 5 et 6 000 exemplaires ; une première réimpression à hauteur de 3 000 copies est en cours, indique la direction des PUF.
« C'est un très bon démarrage, à notre échelle », nous glisse-t-on, l'éditeur précisant que le livre « attire anormalement les curiosités, avec une accumulation d'éléments et de faits indépendants qui ont créé un coup de projecteur particulier sur le projet ».
Sortie mouvementée
Le jour de la sortie de l'ouvrage, mercredi 30 avril, les locaux des PUF ont en effet été visés par des collages et pochoirs. Des inscriptions telles que « Féministes contre la propagande fasciste » ont été apposées sur les vitrines de la maison d’édition, tandis que des pochoirs « Féministes woke fières » et « PUF + Stérin = cœur » ont été retrouvés sur le trottoir, selon des photos relayées sur les réseaux sociaux.
Un acte qui intervient dans un contexte de tensions autour de la sortie de cet ouvrage dirigé par Emmanuelle Hénin, Xavier-Laurent Salvador et Pierre Vermeren. Le livre, qui entend dénoncer les « dérives idéologiques qui minent l’université », rassemble les contributions de 26 universitaires et a attiré la contestation de certains intellectuels et journalistes appelant à empêcher sa sortie.
La controverse s'est cristallisée autour du titre et du contenu du livre, ainsi que des liens supposés entre certains auteurs et l'homme d'affaire Pierre-Édouard Stérin.
Initialement prévue le 9 avril, la parution avait dans un premier temps été suspendue par l’éditeur, en raison du « contexte politique national et international actuel » et notamment de l'élection récente de Donald Trump aux États-Unis. Elle a ensuite été fixée au 30 avril. Alors que plusieurs éditeurs, dont Albin Michel et Fayard, s’étaient dits prêts à accueillir l’ouvrage si les PUF renonçaient à le publier, « les PUF sont revenues sur leur décision devant le tollé qu’a suscité ce qui a toutes les apparences de la censure », a estimé Emmanuelle Hénin le 3 mai dans une interview donnée au Journal du Dimanche. « Mais la polémique confirme l'objet du livre », y estime-t-elle également.
Dans ce contexte, la direction des PUF explique ne rien avoir changé au contenu de l'ouvrage, ou à sa stratégie de promotion, et ne pas mettre en place de dispositif de communication d'urgence. « Nous laissons cela suivre son cours en essayant de nous tenir à bonne distance », conclut l'éditeur.