Crétins des Alpes. Le procédé littéraire est bien connu, c'est celui du manuscrit inédit retrouvé. Antoine Leca s'imagine en maître Sainclair, avocat et narrateur de la première aventure, en montagne, du journaliste détective Rouletabille − alias Joseph Joséphin, de son nom d'orphelin −, 17 ans à l'époque, en 1892, soit juste avant qu'il ne résolve le mystère de la chambre jaune. On en trouve d'ailleurs ici un écho, avec la disparition du grand-duc russe Cyrille, dans une pièce bouclée et en présence de témoins. L'épisode se situe au cœur des Alpes, aux thermes du Fayet, non loin de la station de Saint-Gervais. Avec l'assentiment du célèbre inspecteur Frédéric Larsan venu surveiller un scientifique qui travaille sur les rayons X, Rouletabille s'y est fait engager comme chasseur, poste bien commode pour tout observer, fouiner partout, et se déplacer à sa guise. Il va vite se trouver confronté à des morts bizarres (comme celle du jeune Jules, son nouveau copain, propriétaire d'un sublime jaspe rouge), et des disparitions qui ne le sont pas moins. L'hôtel abrite des diplomates russes et allemands sous des noms d'emprunt, des terroristes rôdent, et un certain Mollard, entrepreneur véreux, échafaude des affaires louches et dangereuses. C'est lui, d'ailleurs, aidé malgré eux par des anarchistes russes, qui va faire péter toute la montagne et provoquer une catastrophe. Les crétins des Alpes ne sont pas une légende.