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Annette Bjergfeldt, "La vie est pleine d'hippopotames" (JC Lattès) : Le cirque de la vie

Annette Bjergfeldt - Photo © Leif Ascanius Sol

Annette Bjergfeldt, "La vie est pleine d'hippopotames" (JC Lattès) : Le cirque de la vie

Annette Bjergfeldt signe une saga familiale enjouée, d'une grande puissance romanesque.

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Par Olivier Mony,
Créé le 16.03.2022 à 15h00 ,
Mis à jour le 16.03.2022 à 23h17

Comme son titre l'indique, La vie est pleine d'hippopotames, le premier roman de la compositrice et chanteuse danoise Annette Bjergfeldt, est peut-être l'un des plus joliment déjantés et tendrement loufoques de ces dernières années. Une saga familiale sans vrai équivalent dans la littérature contemporaine, si ce n'est certains ouvrages de John Irving auxquels la fantaisie et la puissance romanesque de Bjergfeldt peuvent faire penser.

Que l'on en juge. Années 1920, Hannibal, fils d'une famille de riches commerçants danois, tombe amoureux à Saint-Pétersbourg d'une contorsionniste russe, Varinka, encore endeuillée par la mort récente de son premier amour, un nain avalé par l'hippopotame du petit cirque familial − hippopotame qui a par ailleurs été vendu au patron dudit cirque, le père de Varinka, comme devant être un éléphant... Elle se laisse épouser et le couple s'installe bientôt dans une grande demeure sur l'île d'Amager. Hannibal ne rêve que d'opéra, d'art, de grands textes et voudrait convertir sa jeune épouse à ses passions. Las, celle-ci, indifférente, n'en aura jamais que pour les courses de lévriers. Ils auront tout de même une fille, Eva, une hôtesse de l'air infiniment glamour, qui elle, va s'éprendre après la guerre de Jan Gustav, dresseur de pigeons voyageurs de son état. Le couple aura lui trois enfants, d'abord Filippa, à la santé très fragile et qui ne rêve que d'étoiles, d'espace, de devenir astronaute, de la beauté d'un ciel qu'elle rejoindra trop vite ; et des jumelles, la délurée Olga qui deviendra cantatrice et la discrète Esther (la narratrice du roman) qui elle, sera peintre.

Rien que ça ? Oui, mais aussi vrai qu'il faut de tout pour faire un monde littéraire, il faut à de tels livres une énergie, une imagination sans pareilles. Annette Bjergfeldt n'en manque pas et surtout jamais elle ne se laisse déborder ou ne s'en remet qu'à elles. Ses personnages, toujours bigger than life, sont formidablement bien campés. C'est l'histoire du siècle passé qui se déroule sous nos yeux, l'envie d'y rejoindre sans cesse l'horizon comme − et c'est thème sous-jacent du livre − la lutte pour l'émancipation des femmes. C'est également l'histoire de l'éternelle recherche du grand amour, de la poursuite du bonheur. Rien que ça, donc ? C'est déjà pas mal, non ?

 

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