Dessine-moi un papa. À tout bout de champ, la petite Anne entend la même litanie durant son enfance. Comment remercier le père Noël ? « Fais donc un dessin ! » Et fêter l'anniversaire de maman ? « Pourquoi ne ferais-tu pas un joli dessin ? » Seulement voilà, elle ne sait pas dessiner. Mais alors pas du tout ! Au jeu de faire deviner ce qu'on dessine, elle fait enrager et perdre son équipe. Son camarade voit deux ours là où elle a en réalité esquissé un kangourou ! Pour la fillette, le maniement des crayons de couleur vire toujours au désastre. Mais l'absence d'un don peut en favoriser d'autres. Les fées de l'imagination fertile et de l'écriture semblent, elles, s'être penchées sur le berceau de la petite. Pour la fête des Mères, la maîtresse a demandé aux enfants de dessiner leur maman. Paniquée et ne pouvant pomper sur ses amis, Anne rend feuille blanche. Pas grave du tout ! Un peu de vernis transparent sur la feuille fautive et hop ! Maman sera ravie de recevoir un dessin de lac gelé.

Mais sous le fil rouge du roman, l'absence du talent artistique attendu, en affleure un autre : la perte et le manque de l'unique être qui a toujours admiré ses dessins y compris les plus ratés d'entre les ratés, son père adoré. Quand sa mère lui propose d'aller voir une personne pour parler de son chagrin, celle-ci lui demande devinez quoi ? Un dessin ! Pour illustrer cette autofiction délicate et émaillée de touches d'humour, Anne Goscinny a choisi un homme qui, lui, sait ô combien dessiner, le talentueux auteur de BD Emmanuel Guibert.