Papillons de nuit. Anna se réveille en vrac, mourante et tremblante dans son appartement du 11^e arrondissement parisien. Du sang macule son lit, « ça a l'air de la peur ». Quelques paliers plus bas, le patron du bar de l'Avenir, qui n'en a guère, d'avenir, prend racine depuis des décennies amères derrière son comptoir de la rue des Filles-du-Calvaire. Mais ce soir, veille de Noël, tout pourrait bien changer, voire partir en vrille. Comme un dernier phare, le bistrot attire un à un les papillons de nuit esseulés : Fred, l'habitué des lieux cloué dans son fauteuil depuis le Sahel et l'opération Barkhane, Rokia, l'humble caissière en rade d'une supérette de Montreuil, Nour, la RH arriviste, Maryline, la starlette sur le retour, Fabrice, l'aide-soignant en unité psychiatrique, et Christophe... Ah Christophe, le plus lâche de tous, le coupable des étages supérieurs ! Coupable, comme l'est bientôt le désespéré patron de l'estaminet. Mais victimes ou coupables, tous les protagonistes du huis clos partagent un vide, une perte, un mensonge, et les difficultés du vivre-ensemble, entre hommes et femmes, entre père et fils, entre les échelons sociaux, entre coureurs impénitents et roues de l'infortune, entre passé et actualité.

Anna Véronique El Baze a grandi dans le bar de ses parents, près de Vernon, dans l'Eure, où ont sans le moindre doute infusé les ingrédients de ce quatrième roman, joliment équilibrés entre le rythme mitraillé de courtes phrases au présent et les pastels tendres des espoirs ténus du futur.