C’est une nouvelle page qui se tourne pour la librairie Gaïa. Après avoir quitté son local de la rue Mariès, à Albi, l’équipe de libraires a posé ses cartons rue Auguste Malroux, dans un vaste espace de 160 m². Ouvert au public depuis le 2 octobre, le nouveau magasin spécialisé en bandes dessinées accueille désormais quelque 16 000 références. Un changement d’adresse qui a également permis d’étoffer le rayon jeunesse et d’engager un important travail de revalorisation du fonds.
« En tant qu’ancien travailleur social ayant débuté ma carrière dans les centres de loisirs, je mûrissais depuis plus de 15 ans le projet d’ouvrir, un jour, un véritable lieu de rencontres, d’échanges et d’ouverture », confie à Livres Hebdo Julien Meunier, dirigeant de la librairie Gaïa.
Plusieurs manœuvres avant le grand saut
Un pari aujourd’hui réussi : grâce à ce nouveau local qui atteint près de 170 m² de surface exploitable, le gérant a pu créer un « coin salon », doté de fauteuils, d’un canapé et d’un bar - un clin d’œil à l’une de ses anciennes vies, lorsqu’il était alors barman, puis patron de boîte de nuit en Polynésie.
Julien Meunier a repris la librairie Gaïa, fondée en 2005 rue Séré-de-Rivières, en 2011, à son « retour au pays ». À l’époque, il entreprend d’abord d’agrandir le site historique en acquérant le mur mitoyen, portant la surface commerciale à 110 m², avant d’ouvrir une succursale rue Mariès, dans l’hypercentre d’Albi. Une décision qui visait à compenser la perte de dynamisme de la rue Séré-de-Rivières, plus excentrée et durement touchée par la pandémie de Covid.
« J’ai alors externalisé l’ensemble de l’offre franco-belge rue Mariès pour ne garder que le manga rue Séré-de-Rivières, se souvient-il. À l’époque, celle-ci s’est imposée comme la deuxième plus grande offre manga d’Occitanie, après le Comptoir du livre, avec laquelle je ne pouvais pas rivaliser ! »
Un nouveau magasin, plus grand et mieux situé
En ce temps-là, l’objectif du libraire était déjà très clair. « L’idée était de conserver le plus de parts de marché possible avant de trouver un local suffisamment grand, ce que j’ai enfin réussi à faire cet été ! » se réjouit-il. En avril dernier, sentant le vent tourner, le libraire a donc fait le choix de se séparer de la boutique manga, pour centraliser toute l’offre rue Mariès. « À ce moment-là, j’ai perdu près de 50 % de mon activité manga, car je ne pouvais pas accueillir plus de 30 % de l’offre en rayon », reconnaît-il, admettant que ce compromis était nécessaire, en attendant l’acquisition d’un nouveau local, « plus grand et mieux situé ».
Aujourd’hui, Julien Meunier savoure une étape décisive. Accompagné de Vincent Gault, devenu cogérant, ainsi que d’Éléonor et Julie, venues en renfort pour l’ouverture et les fêtes de fin d’année, le dirigeant entend bien asseoir la notoriété de Gaïa, devenue au fil du temps un lieu emblématique et un acteur incontournable de la bande dessinée à Albi.
« Je veux que nous revenions au plaisir, en proposant des ouvrages dont on connaît la qualité »
À ce jour, la priorité de Julien Meunier consiste donc à développer l’offre jeunesse, convaincu que « les livres sont, pour les enfants, et contrairement à la petite lucarne qu’est la télévision, une grande fenêtre sur le monde ». Et ce n’est pas tout. Le libraire souhaite également reconstituer un fonds solide, faisant la part belle aux auteurs qui lui sont chers. « Avec la conjoncture actuelle, et le fait que les nouveautés représentent généralement 60 à 70 % de notre chiffre d’affaires, nous avons souvent dû nous séparer de certains titres, ce qui a été un véritable crève-cœur. Aujourd’hui, je veux que nous revenions au plaisir, à la passion, en proposant des ouvrages dont on connaît la qualité et le positionnement », détaille-t-il.
Une logique qu’il applique à tous les segments, manga compris, en dépit de l’essoufflement généralisé du genre sur le marché, dont pâtissent nombre de librairies spécialisées. « De notre côté, le manga représente toujours près de 50 % de notre chiffre d’affaires grâce aux choix opérés par Vincent, mais aussi parce que nous multiplions les animations et les rendez-vous autour », détaille le libraire.
Autant de choix et d’investissements qui permettent à la librairie de pérenniser son activité, tout en remplissant sa mission première en tant que commerce indépendant : comprendre les attentes de sa clientèle, gagner sa confiance et élargir ses horizons de lecture.