Après L’art du jeu de Chad Harbach, paru l’année dernière chez Lattès, les lecteurs français vont pouvoir continuer à se familiariser avec le base-ball - ce sport qui oppose deux équipes de neuf joueurs et dure en principe deux manches - grâce à Pete Fromm et son Comment tout a commencé.
Austin est un jeune lycéen qui a grandi de quinze centimètres cette année. Il habite avec un père immense et une mère toute petite. Au milieu de nulle part. Dans un bled perdu du Texas, au bord du désert. Sa sœur de 20 ans, Abilene, est partie de là sans prévenir personne parce qu’elle a eu « besoin d’espace pour respirer ». La voici qui vient chercher Austin en pleine nuit dans la maison familiale et l’entraîne avec elle à toute allure dans son pick-up. Abilene lui a rapporté une caisse pleine de balles de base-ball pour qu’il puisse s’entraîner au lancer sur la base aérienne. Celle où était garé l’avion qui a anéanti Hiroshima et d’où aucun appareil n’a décollé depuis cinquante ans. Celle où Abilene l’épuise et le fait transpirer. Plus que jamais, Austin est fasciné par sa sœur qui veut faire de lui un champion. Une sœur étrange et exaltée qui a fini major de sa promotion avant d’être recalée dès son premier semestre dans une université de seconde zone. Une sœur qui jouait au base-ball dans l’équipe réservée aux garçons et « qui lance tellement fort qu’elle peut faire pleurer une balle de base-ball ». Une sœur qui porte d’étranges soutiens-gorge, peut dormir deux jours d’affilée et ne ressemble à personne.
De Pete Fromm, ancien ranger né en 1958 dans le Wisconsin, on connaissait jusqu’ici un récit et des nouvelles. L’auteur d’Indian Creek (Gallmeister 2006, repris en « Totem ») passe haut la main l’épreuve du premier roman. Et se montre dans Comment tout a commencé un conteur subtil et intimiste. Son poignant portrait d’une famille et de ses fêlures ne s’oublie pas.
Alexandre Fillon