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À Abbeville, la librairie Cufay-Plein Ciel ferme ses portes après 150 ans d’existence

La librairie-papeterie Cufay, spécialisée dans la vente au détail de manuels et fournitures scolaires, ferme ses portes. - Photo Librairie Cufay

À Abbeville, la librairie Cufay-Plein Ciel ferme ses portes après 150 ans d’existence

Fondée en 1873, la librairie de détail Cufay-Plein Ciel, située dans le centre-ville d’Abbeville (Somme), fermera ses portes le 7 septembre. Si l’entreprise perd sa vitrine, elle continue néanmoins d’approvisionner des milliers d’établissements scolaires en France et à l'international.

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Par Élodie Carreira
Créé le 30.08.2024 à 13h03

Cinq générations s’y sont succédé. La librairie papeterie Cufay-Plein Ciel, plus vieux commerce de la commune d’Abbeville (Somme), fermera ses portes le 7 septembre après plus de 150 ans d’existence. Si l’enseigne physique de la rue Saint-Vulfran disparaît, l’entreprise familiale poursuit toutefois son activité de fourniture des établissements scolaires sur tout le territoire et à l’international.

« La librairie existait depuis encore plus longtemps quelque part à Lille, au début du XIXe siècle. Puis mon arrière-grand-oncle s’est installé ici, à Abbeville. À l’époque, la librairie fournissait déjà des manuels scolaires, notamment pour la rentrée de 1890 », raconte à Livres Hebdo Thierry Damagnez, cinquième héritier de l’entreprise, dont il a pris les commandes au début des années 1980.

Les années France Loisirs

Depuis lors, l’entreprise Cufay a « marché sur deux jambes », maintenant son activité de vente au détail, tout en développant celle auprès des établissements scolaires. « Dans les années 1980 et 1990, il y a eu un tournant. Nous avons développé l'activité de vente aux écoles, d'abord localement, puis dans la région et sur le territoire national, notamment sur Paris et dans le sud-ouest. Notre activité de fourniture aux établissements scolaires est alors devenue plus importante que la vente au détail », se souvient Thierry Damagnez.

À l’époque, l’entreprise s’était en effet rapprochée du club de livres France Loisirs, alors leader en France. « Nous avons connu de très belles années avec France Loisirs, grâce à qui nous bénéficiions d’une clientèle abondante. Jusqu’à ce que le modèle s’étiole, que l’enseigne multiplie les dépôts de bilan et voie son chiffre d’affaires divisé par 10 en dix ans », détaille le patron de la librairie Cufay.

Encore adossée à France Loisirs pendant la pandémie de Covid, et alors que le Club se retrouvait en liquidation judiciaire un an plus tard, la librairie Cufay n’a pas pu bénéficier des aides de l’État. Des contrariétés qui, dans un contexte d’effondrement du commerce au détail dans l’édition scolaire au profit de la vente aux collectivités, ont rendu difficile le maintien de la librairie-papeterie.

« La librairie physique ne représentait plus que 2 % de notre activité »

« Nous ne sommes en aucun cas en difficulté, c’est plutôt une décision de gestion. La librairie physique ne représentait plus que 2 % de notre activité », nuance Thierry Damagnez. Et pour cause, la vente aux collectivités a amélioré « de façon exponentielle » les résultats de l’entreprise. Celle-ci approvisionne désormais environ 2 500 établissements en France, dont 1 500 collèges et s’est offert un quasi-monopole en Amérique du Nord, où elle ravitaille une quarantaine de lycées tricolores aux États-Unis et au Canada.

Pour cela, la librairie Cufay dispose d’un entrepôt de 4500 m², où s’active une équipe de 20 permanents. Un chiffre capable de tripler en période estivale, à la veille des rentrées scolaires. Avec un chiffre d’affaires d’environ 11 millions d’euros, dont 80 % uniquement issus du livre, l’entreprise occupe toujours la 2ᵉ ou 3e place du secteur, souvent après l’indétrônable LDE et au coude à coude avec la librairie marseillaise eMLS.

Des professionnels tributaires des réformes pédagogiques

Si le marché tend à fluctuer au gré des décisions engagées à l’échelle politique, Thierry Damagnez garde le cap et dit s’adapter chaque année « en fonction de l’intensité de la rentrée qui s’annonce ». De fait, lorsque Gabriel Attal, ancien ministre de l’Éducation, annonçait en décembre 2023 la mise en œuvre d’une réforme pédagogique pour la rentrée 2025, les professionnels de l’édition scolaire n’ont pas boudé leur plaisir. Mais la joie fut de courte durée, compromise, depuis, par la dissolution de l’Assemblée nationale et un ministère de l’Éducation nationale à l’image de son gouvernement : fantôme.

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