Alain Absire, président de la Sofia, Société française des intérêts des auteurs de l’écrit, chargée de la perception des revenus qui seront générés par cette nouvelle exploitation et de la rémunération des ayants droit concernés, organisatrice de la rencontre, a retracé l’historique, les enjeux et les étapes de ce projet, décidé par la loi du 1er mars 2012, et dont la mise en œuvre se révèle très complexe. Il a en particulier expliqué en détail les rémunérations qui seront attribuées aux auteurs et aux éditeurs, ainsi que les différentes procédures dont disposent les ayants-droit pour s’opposer en amont à cette nouvelle exploitation ou pour demander le retrait d’un titre si la numérisation a déjà eu lieu.
Gildas Illien, de la Bibliothèque nationale de France qui a la charge d’élaborer la liste des titres concernés par le dispositif, a fait un bilan de la première sélection publiée le 21 mars 2013 et qui comptait 55 400 œuvres. Il a également dévoilé les grandes caractéristiques de la prochaine sélection qui sera communiquée le 21 mars prochain : peu d’œuvres publiées après 1970, avec 25% de littérature, 25% de sciences sociales et humaines, 25% d’histoire locale et 25% d’histoire coloniale.
Régis Habert a, quant à lui, présenté la Société de Production (SDP), pilotée par le Cercle de la Librairie, qui aura la charge de mettre en œuvre concrètement la numérisation des œuvres sélectionnées ainsi que leur diffusion et leur distribution. La SDP devrait être opérationnelle d’ici le mois de juin 2014, les consultations pour le choix de la plateforme et des partenaires techniques pour la numérisation démarreront au premier trimestre, avec un objectif de 15 000 fichiers disponibles à la fin de 2014 et le début des ventes en janvier 2015.
Les réactions dans la salle ont été très vives, révélant de nombreuses inquiétudes et une méconnaissance générale de ce dispositif encore embryonnaire. Plusieurs auteurs se sont déclarés en faveur du projet mais ont regretté de ne pas avoir été prévenus en amont que certaines de leurs œuvres se trouvaient dans la liste. “Je suis favorable au système mais je m’étonne de ne pas avoir été avertie au préalable, a ainsi témoigné une auteure. Pour pouvoir faire opposition, encore faut-il savoir que nous sommes concernés”.
L’exposé des exigences techniques et en particulier une qualité d’océrisation (reconnaissance optique des caractères qui sert à la recherche par mot-clé dans le texte) de 99,50 %, ce qui correspondrait à une tolérance d’un mot erroné par page [il semblerait que cette information soit obsolète et que les exigences de la Sofia soit aujourd’hui de 99,99 % soit un mot erroné maximum toutes les cinq pages, NDLR], a suscité de nombreuses réactions de mécontentement, malgré les explications fournies par Alain Absire et Régis Habert.
La Sofia a prévu une nouvelle rencontre le 6 février dans les locaux du Centre national du livre à Paris, plus spécifiquement destinée aux éditeurs souhaitant obtenir des licences exclusives pour des livres indisponibles. Information: communication@la-sofia.org