En bonne place dans le classement du New York Times des 100 livres de l'année 2015, Soumission a connu un succès historique en s'imposant, peu après sa parution, en tête des ventes, en France mais aussi en Italie et en Allemagne. Fin 2017, le roman s'était écoulé outre-Rhin à plus de 500 000 exemplaires - contre 193 000 pour La carte et le territoire -, 83 000 en Italie et 82 000 en Espagne. Le phénomène va au-delà des frontières européennes, Houellebecq s'exportant dans une quarantaine de pays dont Taïwan, la Russie, le Liban ou Israël. « Avec Soumission,on a passé un cap, mais l'enthousiasme des lecteurs étrangers ne date pas d'hier et Les particules élémentaires comme Plateforme sont des long-sellers », précise Florence Giry, responsable des droits étrangers chez Flammarion.
Les raisons de cet engouement ? Certains de ses détracteurs allèguent que ses traducteurs lui apportent le style littéraire dont il manque en version originale, tandis que ses défenseurs évoquent la portée universelle de ses textes et la figure baudelairienne qu'il représente, signant le retour d'une certaine idée de l'auteur français. « On l'adore ou on le déteste mais il ne laisse personne indifférent : Michel Houellebecq a fait revenir la littérature française sur le podium européen »,estimait en 2010 la critique littéraire néerlandaise Margot Dijkgraaf dans une tribune intitulée « Avec Houellebecq, il se passe enfin quelque chose » (Le Monde). L'auteur jouit à l'étranger d'un prestige intellectuel bien plus marqué qu'en France, particulièrement en Allemagne où son œuvre suscite de nombreuses adaptations au cinéma et au théâtre. « Contrairement à la France où il est mal vu de faire de la recherche autour de Houellebecq - pour des raisons idéologiques et parce qu'il prend déjà beaucoup la lumière -, les universitaires étrangers accordent beaucoup d'intérêt à son œuvre, et peu aux polémiques qui l'entourent : ce sont d'ailleurs eux qui ont organisé, à partir de 2005, les premiers colloques qui lui sont dédiés », observe la chercheuse Agathe Novak-Lechevalier, auteure de Houellebecq, l'art de la consolation (Stock, 2018). P. L.