Invités d’honneur de cette 7e édition, Richard Ford et Margaret Atwood, ont reçu la médaille de la ville de Vincennes lors de l’inauguration de la manifestation le jeudi 11 septembre.
Sur le thème des ponts entre France et Amérique, 40 auteurs français ont rencontré les 65 écrivains nord-américains présents, tandis que trois "conversations" entre Richard Ford et Philippe Djian, Margaret Atwood et Laure Adler, Edouard Louis et Justin Torres, ont célébré la littérature. Les 45 débats ont fait salle comble (500 personnes pour les rencontres dans l’auditorium Cœur de ville ou dans la salle du Centre culturel Pompidou), avec un public toujours demandeur et souvent bilingue, qui a aussi goûté les "joutes de traductions" organisées avec l’ATLF. Au total, 600 festivaliers ont participé à chacune des trois soirées "L’Amérique de Richard Ford", "Il était une fois dans l’Ouest" et "Fêtons la Louisiane" (avec concert de Zachary Richard).
A travers les débats, s’est dessinée une Amérique un peu déprimée, à l’encontre de l’image habituelle, qui a trouvé un écho auprès d’un public français malmené par l’actualité. Nostalgie de l'Amérique ouvrière des années 50 et 60 en regard de "l’énorme bazar qu’est devenue l’Amérique aujourd’hui" pour Donald Ray Pollock, pays paralysé, "incapable d’imaginer de grands changements et de faire des choix" pour Paolo Bacigalupi, qui cultive "la violence, engendrant gangstérisme et terrorisme", pour Sébastian Rotella… Le tableau qui se dégageait du débat "Où va l’Amérique ?" était sévère. Le pays voit aussi la mobilisation de ses auteurs contre Amazon qui, comme cela a été dit par Claire Messud à la table ronde organisée par Livres Hebdo jeudi 11, « comme un pouvoir qu'on ne croyait pas fasciste se révèle finalement fasciste ».
Bonnes ventes des libraires
Pascal Thuot annonce un chiffre d’affaires stable pour la librairie par rapport à l’an dernier, avec de bons scores pour les poches, crise oblige. On faisait la queue devant Richard Ford (L’Olivier), qui a vendu 250 volumes samedi soir, et ainsi que devant le nouveau venu Philipp Meyer, dont Albin Michel a vendu 130 exemplaires du Fils. "C’est un salon d’auteurs. Si l’écrivain a été bon en conférence, les gens craquent facilement", raconte Delphine Bouillo (librairie M’Lire, Laval).
La nuit américaine, samedi soir, où tous les invités signent entre 19 h et 21 h est aussi très appréciée. Les lecteurs viennent chercher le dernier livre de Joseph Boyden, de David Vann ou de Ron Rash mais n’hésitent pas à découvrir un nouvel auteur comme René Denfeld (Fleuve éditions), Justin Saint-Germain (Presses de la Cité), Nickolas Butler (Autrement, prix Page/America 2014) ou Ayana Mathis (Gallmeister), lauréate du prix des lecteurs de la ville de Vincennes avec Les douze vies d’Hattie. "On a quasiment épuisé les stocks de Ron Rush et Tim Gautreaux, c’est une bonne surprise. En dix ans, le Festival n’a jamais baissé en qualité et est devenu incontournable. Cela remonte le moral : on se rend compte qu’il existe une communauté de lecteurs dont on partage les valeurs" constate Renaud Junillon, de librairie Lucioles (Vienne). "On adore. Une rentrée sans America est une rentrée morne…" confirme David Rey, d’Atout-Livres (Paris).
Mais il faudra attendre septembre 2016 pour la 8e édition de la manifestation, toujours biennale. Francis Geffard et Pascal Thuot viennent d'en révéler le thème : "1776-2016, l’Amérique dans tous ses Etats".