Bilan 2019

2019 en 12 thèmes : la science-fiction ne se cache plus [7/12]

Alain Damasio, auteur des "Furtifs", La Volte - Photo Olivier Dion.

2019 en 12 thèmes : la science-fiction ne se cache plus [7/12]

Plutôt discrète en temps normal, la science-fiction s'est retrouvée sous le feu des projecteurs cette année grâce à la parution des romans très attendus d'Alain Damasio et Margaret Atwood.

Par Nicolas Turcev
Créé le 23.12.2019 à 15h01

D'ordinaire, la science-fiction parvient difficilement à fédérer au-delà d'un cercle d'habitués. Mais 2019 a légèrement changé la donne avec la parution, au printemps, du roman très attendu d'Alain Damasio, Les furtifs, chez La Volte.

Après avoir conquis des centaines de milliers de lecteurs et remporté un grand prix de l'Imaginaire avec La horde du contrevent (La Volte), publié il y a 15 ans, l'écrivain militant de la gauche radicale était attendu au tournant. Il n'a déçu ni les critiques littéraires, ni les libraires, qui ont vu affluer des acheteurs bien plus nombreux que ceux qui composent le lectorat habituel de la science-fiction.

Un épiphénomène ? Rien n'est moins sûr. Dans un monde de plus en plus technologique et dystopique, où la réalité se confond de plus en plus avec l'anticipation, le genre science-fictionel est en train de muter, de s'hybrider avec la littérature classique, dite "blanche". Au point peut-être de devenir bientôt un objet plus contemporain et grand public que ses racines de littérature pour initiés ne l'ont condamné à rester. Pour Alain Damasio, en tout cas, cela ne fait pas de doute : "la science-fiction est la mieux placée pour raconter l'époque".

En témoigne l'autre grand succès de l'anticipation en 2019 : Les testaments (Robert Laffont) de Margaret Atwood, suite attendue avec impatience de La servante écarlate (Robert Laffont, 1987). Distingué par le Booker Prize 2019, le roman de l'écrivaine canadienne a séduit un public qui a pu y trouver une réflection des angoisses sociétales actuelles, alors que partout les forces réactionnaires gagnent du terrain et conduisent les Etats vers l'instauration de régimes plus autoritaires.

Cette peur de l'avenir trouve également un écho dans le nouveau genre de la climate-fiction (cli-fi pour les intimes). En miroir des ouvrages de plus en plus populaires de collapsologie, les auteurs de ce mouvement imaginent dans leurs romans des mondes gravement touchés par les catastrophes climatiques, dénués de ressources ou dépeuplés. D'autres, plus minoritaires, tentent de concevoir des utopies futures où homme, technologie et nature existeraient en harmonie.

Du livre à l'écran

Niche littéraire, la science-fiction a une fois de plus confirmé, en 2019, son statut de genre roi de l'audiovisuel grâce aux adaptations. Comme chaque année, le festival nantais des Utopiales qui conjugue les mots à l'écran a accueilli de nombreux visiteurs venus assister à des rendez-vous littéraires et scientifiques, ainsi qu'à une petite centaine de projections. Les organisateurs en ont profité pour sacrer le réalisateur, poète, romancier et auteur de BD Alejandro Jodorowsky, l'homme qui n'aura jamais pu adapter Dune de Frank Herbert (Robert Laffont, 1970) sur grand écran.

C'est finalement le cinéaste Denis Villeneuve qui s'en chargera, dans un dyptique dont le premier épisode est prévu pour 2020. Plusieurs jeux vidéo devraient également paraître d'ici 2025. Cette renaissance du classique de la SF a poussé Livres Hebdo à s'intéresser à sa conception par Frank Herbert, puis à sa reprise par son fils, Brian Herbert. Au fil de cette saga épique, connue pour la richesse de son univers et ses réflexions écologiques, c'est aussi une filiation qui se tisse par les mots.

 

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