Me voilà de retour ! Même pas mort ! N’en déplaise à mes ennemis : les 799 autres écrivains de la rentrée littéraire. Car oui, je publie fin août. Et ça y est, je suis en tenue de combat. Prêt à enchaîner les interviews comme un petit chevalier de mon œuvre. J’ai déjà de très bon retours ( stratégie numéro un : faire de l’intox, pour déprimer la concurrence ) : une stagiaire rousse au Nouvel Obs, qui bosse directement avec l’assistante de Jérôme Garcin, aime beaucoup mes livres, et a placé les épreuves de mon roman en 18 ème position dans la pile des épreuves à lire en priorité. Je vous le dis : ça s’annonce très très bien ( stratégie numéro 2 : s’auto-persuader que tout va bien se passer ). Qui se souvient de David Foenkinos ? est un livre en passe de devenir mémorable. Chaque jour dans ma boite aux lettres, je reçois les livres de mes ennemis : je suis infiltré de l’intérieur. Je passe mes journées à les critiquer ( stratégie numéro 3 : se convaincre qu’on est le meilleur ). Heureusement, aucun livre n’a le bon nombre de pages. Un très bon livre, de nos jours, c’est un livre qui fait 247 pages. De toutes façons, l’essentiel pour tous, c’est que personne n’écrase tout le monde. A l’heure qu’il est, je regarde à droite, je regarde à gauche, toujours pas Littell en vue. Faudrait pas qu’il nous refasse le coup tous les ans, celui-là. Bienveillant, rien du tout ! Il a vraiment occupé la rentrée littéraire de l’année dernière : on aurait dit une armée de pages réduisant à néant les autres. Chaque année, c’est toujours pareil. Il y a toujours un petit malin qui sort du lot : un Houellebecq, une Angot, un Beigbeder. Allez, militons ensemble : 2007, c’est l’année Foenkinos ( stratégie numéro 4 : il faut lancer son slogan ). Bon, ça ne rime pas trop. Je ne sais pas, mais subitement, je suis atteint d’angoisse. La dépression contamine mes cheveux. Ah… je n’y crois plus. Je sens que mon livre va passer à la trappe ( stratégie numéro 5 : faire croire aux autres qu’on est un peu sensible… comme ça, ils baissent la garde, et hop ! On les coince entre les deux étages du Flore ). Je me demande si trop de stratégie ne tue pas la stratégie. Quand on sort un livre, le mieux est d’écrire un autre livre. C’est uniquement pour éviter l’angoisse de la publication d’un livre que les auteurs deviennent graphomanes. Car, franchement, qu’est-ce qui peut nous pousser à écrire des romans ? Je suis en train de lire le prochain roman de Patrick Besson. Immense admiration pour Patrick Besson ( stratégie numéro 6 : flatter un membre éminent du Prix Renaudot ). Il chronique dans tous les journaux et gagne sûrement très bien sa vie. Il a obtenu des grands prix littéraires, le Renaudot et l’Académie je crois, alors franchement qu’est-ce qui peut le pousser à écrire ? La nécessité ? Non, c’est fini, la nécessité. On ne nécessite plus maintenant. On subit. Alors quoi ? Je vais y réfléchir à ce qui nous pousse dans le dos (les mains d’une femme ?). Je vais réfléchir à beaucoup de choses, c’est promis ; et je reviendrais avec de beaux concepts sur la vie, et des conseils pour éviter la dépression qui nous guette. Il est temps de prendre des vacances, et je vais surtout me reposer de moi... PS : il n’est pas exclu que, pendant l’été, subitement pris par une pulsion bloggeuse, ou subitement traversé par une pensée qu’il me serait hautement insoutenable de ne garder que pour moi, je ne m’en revienne pas vers vous avec joie, émotion, et petite larme dans les mots... PS 2 : c’est juste une façon de vous poussez à cliquer sur livreshebdo.fr de temps en temps… quel esprit d’entreprise, tout de même…