Le peintre franco-chinois Zao Wou-Ki, l'un des maîtres de l'abstraction lyrique, dont la notoriété internationale a été couronnée de nombreuses décorations, est mort mardi en Suisse à l'âge de 93 ans.
Le prix de ses toiles atteint régulièrement 1 à 2,5 millions de dollars aux enchères. L'une d'elles, Hommage à Tou-Fou (1956), avait été adjugée à 5,8 millions de dollars en 2008 chez Christie's à Hong Kong.
Les ouvrages sur son travail faisaient partie des rares monographies d'artistes contemporains à trouver un large public. Demain paraîtra d'ailleurs une nouvelle édition de celle signée Pierre Daix aux éditions suisses Ides et Calendes (24 euros).
En outre, en fin d'année dernière, Albin Michel avait réuni en un coffret Zao Wou-Ki : oeuvres choisies, 1948-2010, 3 volumes précédemment édités par la maison, à savoir Zao Wou-Ki, carnets de voyages, 1948-1952, préfacé par Dominique de Villepin, L'encre, l'eau, l'air, la couleur : encres de Chine et aquarelles, 1954-2007, avec des textes de Philippe Dagen et Henri Michaux, ainsi que Zao Wou-Ki : dans l'ultime bonheur de peindre, 2000-2010, de Françoise Marquet, Sylvain Amic, Isabelle Klinka Ballesteros et Yin Fu.
Fort du succès de la première édition dans la collection «Grandes monographies», Flammarion a proposé en novembre une version actualisée et augmentée de Zao Wou-ki : 1935-2010 (60 euros) avec un texte de Dominique de Villepin. L'ancien Premier ministre, qui était un très proche ami du peintre, avait aussi préfacé en février 2011 un volume de poésie chez Gallimard, Effilage du sac de jute, qui reproduisait des poèmes de René Char illustrés par Zao Wou-Ki. Le texte est suivi de lettres échangées entre le poète et l'artiste durant la conception du projet.
Né le 1er février 1920 à Pékin dans une famille de lettrés, Zao Wou-Ki étudie et enseigne à l'école des Beaux-Arts de Hanghzou de 1941 à 1947, découvrant la peinture occidentale dans des revues. Installé à Paris en 1948, il devient l'un des maîtres de l'abstraction lyrique aux côtés de Pierre Soulages ou Hans Hartung. Membre de l'Ecole de Paris dans les années 1950, il se lie d'amitié avec Henri Michaux, René Char et André Malraux, dont il illustre de nombreux ouvrages. Il obtient la nationalité française en 1964.
Ces derniers temps, le vieil homme, qui souffrait de la maladie d'Alzheimer, s'était retrouvé au coeur d'une bataille judiciaire qui déchirait sa famille, son fils Jia-Ling Zhao soupçonnant sa belle-mère de l'avoir fait déménager en Suisse à l'automne 2011 pour mettre la main sur une partie de ses oeuvres.