Disparition

Yachar Kemal (ou Yasar Kamal), hospitalisé depuis la mi-janvier pour insuffisance respiratoire compliquée d’infections répétées, est mort à Istanbul samedi 28 février, à l'âge de 92 ans. L'écrivain turc avait été un grand défenseur de la cause kurde.

Né en 1923 près d'Osmaniye, dans une famille kurde, il voit son père  assassiné devant ses yeux alors qu’il n’a que 5 ans. Il a écrit son premier recueil de contes avant ses 20 ans, l'âge où il s’engage aussi en politique. Cet engagement le conduira à l'exil, après de nombreux procès et plusieurs emprisonnements. Il a notamment été condamné en 1996 par la cour de sûreté de l'Etat à un an et huit mois de prison pour un article publié dans le livre La liberté d'expression et la Turquie et qui dénonçait le traitement de la question kurde par l'Etat turc.

Une oeuvre humaniste

Journaliste (chez Cumhuriyet) et syndicaliste, Yachar Kemal est l'auteur d’une quarantaine de romans, traduits dans le monde entier, notamment par sa femme Thilda, décédée en 2001, parfaite anglophone et francophone. Certains de ses livres ont été transposés au cinéma ou sous forme d'opéras. Son premier roman, Mèmed le mince, est un succès dès 1955. Gallimard le publie en France dans les années 70. La saga de Mèmed s'est décliné en quatre romans. Entre légendes anatoliennes, folklore local, symbolisme et humanisme, son style puisait son inspiration dans le quotidien du peuple qu'il connaissait si intimement.

Outre la tétralogie de Mèmed, ce grand conteur, admirateur de Stendhal, Yachar Kemal a écrit trois trilogies (Au-delà des mintagnes, Les Seigneurs de l'Aktchasaz et Salman le solitaire). Publié en France chez Gallimard et en folio, on lui doit également Tu écraseras le serpent, La légende du mont Ararat, L'herbe qui ne meurt pas... En 2010 est paru La tempête des gazelles, second tome de sa série Une histoire d'île débutée avec Regarde donc l'Euphrate charrier le sang.

Son dernier livre publié en France, Pêcheurs d'éponges (éd. Bleu autour), en 2011, était une compilation de huit reportages sur la Turquie urbaine et rurale entre 1951 et 1973.

Parmi d’innombrables récompenses, plusieurs fois pressenti pour le prix Nobel de littérature, Yachar Kemal avait reçu le Prix du Meilleur roman étranger par le Syndicat des critiques littéraires français en 1977, le Prix du Roman étranger en 1978, le Prix mondial Cino del Duca en 1982, la médaille de Grand Officier de la Légion d’honneur, des mains du président François Mitterrand en 1984, puis fut Commandeur de la Légion d’honneur à Istanbul en 2011.

Les dernières
actualités