Merci pour votre commentaire Louise, et promis, je lis vite Dubois pour en dire Dubien. Je suis un garçon sage et coopératif. C’est un blog de lecture participative. Mais attention, je peux aussi mettre des cartons jaunes. « Tous les matins je me lève », c’est vraiment un bon titre. Moi qui suis à la recherche d’un titre, ça me déprime et j’ai envie de me recoucher. Je resterai alors au lit, pour lire trois romans publiés par les éditions Buchet-Chastel. Ce qui compte pour moi dans un roman, c’est l’objet. Et avec un livre Buchet-Chastel, on se sent bien. Voilà un livre avec qui on pourrait partir en vacances (même sur un bateau avec un skipper norvégien). Le papier est agréable, la mise en page presque érotique. Depuis quelques années, c’est vraiment une maison d’édition qui m’impressionne par son catalogue. Je passe les merveilles étrangères (j’ai près de moi la correspondance Durrell/Miller), et la nouvelle collection dirigée par Xavier Houssin qui ressuscite des bijoux comme les lettres d’Henri Barbusse à sa femme. Et tant de choses encore comme les Cahiers dessinés. Mais restons concentrés sur la littérature française. On y trouve des auteurs que j’aime (je ne peux pas tous les citer) : mais cela va de Mercedes Deambrosis (chez qui j’aimerai vivre, et je ne dis pas ça parce que j’ai vu la photo de ses filles) à Joël Egloff, en passant par Caroline Sers, Bruno Tessarech, Thomas Paris, Marie-Hélène Lafon, Phlippe Laffite et Xavier Houssin. Tous les auteurs Buchet-Chastel ont un étrange point commun : la douceur. Je me demande parfois s’ils ne les font pas boire, rue des canettes (quel comique je fais). A chaque fois que je croise un spécimen Buchet dans un salon, je le retrouve toujours avec un sourire de parfaite bienveillance sur le visage. Presque une béatitude. Y-a-t-il d’étranges stages zens organisés par l’attachée de presse Diane Du Périer et l’éditrice Pascale Gautier ? Les trois auteurs de cette rentrée de janvier ne dérogent pas à cette règle. Philippe Ségur (immense Philippe Ségur !) a la tête la plus gentille de toutes les têtes d’écrivains. Son dernier roman, « Ecrivain (en 10 leçons) » est virtuose. Ce n’est pas vraiment la peine de parler de ses livres, il suffit d’ouvrir la première page, et tout est dit : « Ma vocation d’écrivain est une conséquence directe de mon échec dans la carrière de super-héros ». Comment ne pas lire un livre qui commence ainsi ? Il y a aussi Cookie Allez qui publie « Sans sucre ajoutés ». Il faut vraiment le faire : s’appeler Cookie et publier un tel titre. Princesse de l’antinomie. Comme toujours, chez Cookie, c’est loufoque, et c’est doux. L’histoire d’un anti-héros propre sur lui qui ne peut devenir que ce qu’il dégage : un bouc-émissaire, en proie aux excitations absurdes des politiques d’une petite ville. Démesure des ambitions dans un verre d’eau. Le titre de gloire de notre héros est la lutte contre les chewing gum. C’est un maniaque à la folie douce. J’aime les expressions de Cookie : elle dit que c’est un homme qui « se tient compagnie à lui-même ». Cela aurait été un bon titre ( tiens je peux peut-être le prendre pour moi ?). Et enfin, on retrouve Fabienne Jacob avec un texte fort : « Les louves ». C’est la version charnelle du passe-murailles. Adèle voit les corps, « la plupart des gens, je leur devine tout ». Voilà un avantage dont on se passerait bien. Ce texte est une errance troublante avec les yeux de cette femme qui peut être toutes les femmes. Connaître les corps, c’est se déposséder du sien. Emaillé d’aphorismes, c’est un roman très dense : « les enfants qui ne se sont jamais ennuyés de leur vie n’ont nulle matrice, nul périmètre d’où puisse jaillir un don ». Je comprends avec cette phrase pourquoi ma mère me laissait des mercredis entiers à tourner en rond. Voilà quelques impressions peu professionnelles sur ses trois romans que j’ai aimés. Il y a deux mois, les éditions Buchet-Chastel ont publié un livre exceptionnel : un recueil des trois vœux émis par les plus grands jazzmen. La grande mécène Pannonica de Koenigswarter, qui a notamment recueilli Theolonius Monk à la fin de sa vie, a demandé à tous les musiciens quels seraient leurs trois vœux si une fée pouvait les réaliser. J’aimerai bien reprendre cette idée, et demander chaque semaine à un ou deux écrivains de répondre à cette question. Je commence par les auteurs cités. Voici donc leurs réponses : Fabienne Jacob : 1/ qu’ils viennent les bons soirs de juin avec leurs odeurs d’herbe coupée et de terre chaude. 2/ Que Pierre Michon continue à écrire de beaux livres. 3/ Continuer à donner des coups de pied dans tous les 4x4 des nouveaux riches de la terre entière. Cookie Allez : 1/ Qu’elle consente à m’offrir de temps en temps, sur simple demande une visite guidée dans la cervelle et dans le cœur des hommes que j’aime et/ou qui m’intéressent à quelque titre que ce soit. Parce que j’ai l’envie congénitale et chronique de comprendre comment tout ça marche. 2/ Qu’elle me conserve le désir et la capacité d’écrire jusqu’à mon dernier souffle. 3/ Et qu’elle aide l’humanité à appliquer cet excellent mot d’ordre inventé il y a un peu plus de 2000 ans : « Aimez vous les uns les autres ». Philippe Ségur : 1/    Un voyage en ascenseur dans une tour de Manhattan. 2/ Une rencontre fortuite avec Nicole Kidman en cours de route.  3/ Une panne générale et définitive d'électricité.  Et, en ce qui me concerne, un de mes vœux serait de vous retrouver lundi prochain…

Les dernières
actualités