Les défis du numérique, les pièges de l'autofiction ou encore les rapports auteur-éditeur, voire tout simplement les comportements pervers saisis dans un milieu donné - en l'occurrence l'édition... Le propos de Doubles vies est un peu confus. Sur les écrans depuis le 16 janvier, le dernier long-métrage d'Olivier Assayas constitue pourtant, dans des intérieurs germanopratins où ne manquent ni le thé Mariage, ni les exemplaires de Livres Hebdo, le témoignage le mieux documenté qu'on ait pu voir ces dernières années au cinéma sur l'univers de l'édition littéraire. Une vitrine en somme. Moins archaïque qu'on n'aurait pu le craindre, mais aussi plus surannée qu'on ne l'eût souhaitée, l'édition littéraire y apparaît surtout comme asphyxiée. Elle manque d'un air du large, qui la caresse et lui fait lever le sourcil, sans parvenir à l'emporter tout à fait.

En dépit de ses difficultés persistantes, produites par l'extrême diversification des loisirs et des instruments du savoir et de la connaissance intervenue au cours des dernières décennies, l'édition continue néanmoins de se transformer et de fasciner de nouvelles générations de lecteurs. Portées par de jeunes passionnés, souvent intransigeants dans leurs choix, les multiples initiatives spontanément déployées en faveur du livre dans les nouveaux mondes virtuels le montrent. Aventuriers des réseaux, Agathe The Book, Bulledop ou Le Chef Otaku défrichent en pionniers un nouvel espace. Et s'ils n'utilisent pas pour le semer de livres les mêmes méthodes que la figure emblématique de Larousse, leurs premières performances intriguent et intéressent toujours plus largement les stratèges du marketing éditorial et les agences de communication. Le point fort des nouveaux influenceurs ? Leur capacité à mettre en scène un titre et à le pousser, à travers le jeu pointu des communautés d'intérêt, au plus près de son lecteur potentiel. Un enjeu qui concerne tous les artisans du livre.

24.01 2019

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