Les voyages réussissent à Patrick Besson. Après un ample roman largement situé en Afrique, Mais le fleuve tuera l'homme blanc (Fayard, 2009, repris en Points), et un réjouissant détour par Bangkok, Come baby (Mille et une nuits, 2011), le voici qui prend la direction du Mexique.
Maximilien Cueto a publié des livres mais gagne surtout sa vie en écrivant des scénarios de films pour la télévision. Chauve de 41 ans, le héros de l'auteur de Dara (Seuil, 1985, grand prix du Roman de l'Académie française, repris en Points) avait prévu de fêter le troisième anniversaire de son pacs avec Virginie à Cancun. Sauf qu'il a eu la mauvaise idée de coucher à Limoges avec une strip-teaseuse et qu'il a donc débarqué seul au Los Dias Resort & Spa, établissement de bord de mer avec trois piscines.
Sur place, le scénariste tombe sur une vieille connaissance. L'actrice Pom Laporte, Eurasienne "bombasse" qui a été sa fiancée avant Virginie, lui annonce qu'elle est enceinte et mariée. Maximilien fait surtout la connaissance de David Appleton. Un réalisateur d'Hollywood réputé pour ses films catastrophe - tels Typhon sur Hongkong, Destruction 1 et 2, Le saccageur. Celui-ci se trouve à Cancun car sa fille Amber y est en prison après avoir "crevé un oeil à un Mexicain qui l'emmerdait dans une boîte de nuit" avec un stick mélangeur.
Appleton propose à Maximilien de l'engager comme interprète. Notre homme parle parfaitement espagnol puisqu'il a eu une mère née dans les Asturies. Le lecteur va le suivre au cours d'un périple riche en rebondissements. L'occasion de croiser Gabriela, accorte serveuse et étudiante en littérature comparée, ou El Narco, roué trafiquant qui lui explique que le Mexique "n'est pas un pays pauvre, c'est un pays riche avec des pauvres dedans".
Besson, qui publie conjointement chez Fayard Avons-nous lu ? Précis incendiaire de littérature contemporaine, mène son affaire. Comme toujours, le juré Renaudot soigne ses dialogues et ne recule devant aucune provocation. L'ensemble donne un cocktail pimenté qu'on descend cul sec. Garçon, remettez-nous ça !
