Décédé en avril 2015, Eduardo Galeano est l’infatigable conteur et sauveteur de "la mémoire volée à l’Amérique entière [et] plus particulièrement à l’Amérique latine", "cette terre méprisée que je porte en moi", ne cessait-il jamais de clamer. L’auteur des Veines ouvertes de l’Amérique latine, né en 1940 à Montevideo, est originaire du même pays que Juan Carlos Onetti dont il avait beaucoup appris : entre autres, "le plaisir d’écrire à la main" et surtout que "sécher" n’est pas si inutile puisque "le silence, qui dit sans rien dire, enseigne à dire".
Eduardo Hughes Galeano, de son nom complet, commence sa carrière comme journaliste et dessinateur dans diverses publications de gauche. Pendant la dictature, il est contraint à l’exil d’abord en Argentine, puis en Espagne, et ne retournera en Uruguay qu’en 1985. En 2013, Lux, qui a entrepris de faire (re)connaître l’écrivain, publie en un seul volume son grand œuvre, Mémoire du feu, trilogie de recueils de fragments sur l’histoire des peuples latino-américains, de l’époque précolombienne jusqu’au mitan des années 1980.
Ici l’éditeur québécois poursuit avec le livre-testament du chroniqueur-résistant, Le chasseur d’histoires. Une merveilleuse odyssée poétique sous forme de pensées ou anecdotes, tels des "papiers collés" : mythologie amazonienne, lutte de paysans mexicains pour la défense du maïs, éloge de cette "passion inutile" qu’est l’écriture. S. J. R.