En 1992, Richard Richter, 50 ans, écrivain confirmé, rentre dans sa Vienne natale après plusieurs années passées à Paris. Il s'installe chez la soeur aînée de sa mère morte en couches, tante qui l'a élevé après le suicide de son père. En faisant des travaux dans l'appartement de la vieille dame, il tombe sur un carnet dissimulé depuis 1941, une lettre jamais envoyée dans laquelle sa mère dévoile le secret de sa naissance : l'identité de son père biologique, un communiste juif originaire de Sarajevo, qui, arrêté, a disparu avant d'apprendre que son amante était enceinte. Quand le livre débute, l'écrivain a entamé la rédaction de son histoire et des conséquences qu'a eues sur sa vie cette révélation tardive, et a l'intention de mettre fin à ses jours après avoir terminé ce récit...
Voici le point de départ d'une tragédie, intime et géopolitique, qui sous couvert d'une quête des origines est le prétexte d'un double retour en arrière : vers les années 1940 dans l'Autriche hitlérienne et en 1992 pendant la guerre de Bosnie dans Sarajevo assiégée, ville martyre ("la Ville", comme l'écrit Igor Stiks qui y est né en 1977) que l'écrivain a fuie avec ses parents à 15 ans.
Le héros, "détective oedipien" travesti en correspondant de guerre, piste les traces de son géniteur dans une Sarajevo/Thèbes sous les bombes, découvrant le passé du pays, la réalité complexe du conflit et s'attachant à ses habitants. A commencer par le jeune Ivor, qui lui sert d'interprète et l'initie à la ville en même temps que l'écrivain/reporter tombe amoureux d'Alma, une comédienne à peine trentenaire qui met en scène Homo faber de Max Frisch, histoire qui selon elle résonne avec le destin des Balkans. A la vieille synagogue séfarade, l'Autrichien déboussolé rencontre aussi "l'imprévisible et sage" Simon, ancien juge, porteur comme lui d'une mémoire torturante, hantée de passions et de mensonges venimeux, qui va le guider vers "une seconde et douloureuse naissance".
Le serpent du destin est le deuxième roman paru en 2006 de ce chercheur en sciences politiques qui a étudié à Paris et travaille en Ecosse. Ce texte, adapté au théâtre et qui vient d'obtenir le grand prix du Festival international de théâtre de Belgrade, avait été couronné à sa sortie « livre de l'année » en Croatie.
