Le narrateur, un écrivain français, ne s'est jamais remis du suicide, sous ses yeux, de son frère aîné Vivian, en 1980. Un seppuku qui lui rappelle ceux d'écrivains japonais qu'il admire, comme Akutagawa, lequel, devenu fou, s'est tué en 1927, ou, bien sûr, Mishima, en 1970. Passionné du Japon, ayant déjà pratiqué le judo et le kendo (où il a connu ses premiers émois homosexuels) c'est là qu'il se rend, afin d'« aller vers l'autre », de mettre ses pas dans ceux d'Akutagawa à Tokyo, mais aussi de Bashô, le grand maître du haïku, dans les villages des Alpes japonaises.

Alors que c'est son premier voyage dans le pays, l'auteur s'y sent chez lui, parmi ce « peuple civilisé », d'une exquise urbanité, ce qui n'exclut ni l'humour ni les sentiments : ainsi, après avoir quitté brutalement D., le steward qui l'héberge à l'hôtel, parce que le garçon se comporte par trop comme un « barbare », il vivra une brève et intense relation avec Iwao, l'assistant de Katsuhiro, un metteur en scène qui l'a initié aussi bien au théâtre nô qu'à la cérémonie du thé.

Alexandre Bergamini nous donne à voir un pays et ses habitants débarrassés de tous les clichés, dans un récit intime, empreint de philosophie zen, et qui se termine sans s'achever.