Un roman d'amour exclu des manuels scolaires en Israël
Parce qu'il raconte une histoire d'amour entre une traductrice israélienne et un artiste palestinien, Geder Haya de Dorit Rabinyan a été retiré des programmes scolaires, suspecté d'encourager les unions entre juifs et non juifs. La polémique enfle entraînant l'ironie d'Amos Oz, de nombreuses réactions politiques et une flambée des ventes du livre.
Par
Vincy Thomas
avec afpCréé le
02.01.2016
à 12h45
Le ministère de l'Education a provoqué un tollé dans le monde culturel en écartant du programme des sections littéraires au lycée le livre de Dorit Rabinyan, publié en 2014 en hébreu sous le titre Haie (Geder Haya). L'écrivain Amos Oz a ironisé vendredi 1er janvier sur l'exclusion des programmes scolaires de ce roman d'amour entre une Israélienne et un Palestinien, en écrivant qu'il faudrait mettre la Bible, encore plus subversive, au ban des études lycéennes.
La couverture du livre de Dorit Rabinyan
Pour télécharger ce document, vous devez d'abord acheter l'article correspondant.
Le roman raconte l'histoire d'amour entre Liat, une traductrice israélienne, et Hilmi, un artiste palestinien. Il touche à la question délicate des rapports intimes entre Israéliens juifs et Palestiniens, sur fond de conflit persistant depuis des décennies.
"Peut-être vaudrait-il mieux supprimer les études littéraires des programmes, puisque la littérature mondiale et hébraïque la plus insigne recèle beaucoup de choses dérangeantes et pas vraiment casher", écrit Amos Oz dans le quotidien Yedioth Ahronoth.
"Il est même plus urgent de retirer du programme l'étude de la Bible: en matière de relations sexuelles entre juifs et gentils (terme désignant les non-juifs, ndlr), la Bible est mille fois plus dangereuse que le livre de Rabinyan", raille celui qui passe pour l'écrivain israélien le plus connu.
"Le roi David et le roi Salomon étaient coutumiers de coucher avec des étrangères sans se soucier de vérifier leur nationalité sur leur carte d'identité", souligne Amos Oz.
Le livre considéré comme un danger
La responsable du ministère à l'origine de la décision a invoqué le danger que le livre de Dorit Rabinyan soit perçu comme encourageant les unions entre Israéliens et Palestiniens. De telles unions et la perte de l'identité juive sont deux des épouvantails des juifs pratiquants.
Le ministre de l'Education Naftali Bennett, chef du parti nationaliste religieux Foyer juif, a défendu la décision de ses services jeudi soir, tout en précisant ne pas y avoir pris part.
"Cela n'a rien à voir avec de la censure. Quiconque veut lire ce livre peut l'acheter", a-t-il déclaré à la deuxième chaîne de télévision. Mais le ministère ne forcera pas des élèves à lire un livre qui présente les soldats israéliens comme des "sadiques" et les met sur un pied d'égalité avec les "terroristes" du mouvement islamiste palestinien Hamas, a-t-il ajouté.
L'auteure, Israélienne juive, a répondu en accusant M. Bennett de ne pas avoir lu le livre et de sortir les phrases de leur contexte. La controverse a, évidemment, provoqué une ruée sur le livre.
Denoël avait publié en 2002 l'un des romans de Dorit Rabinyan, Larmes de miel.
Dans les médias cette semaine, Kevin Lambert est l'invité de Marie Labory dans « Les midis de la culture », François-Régis Gaudry présente son ouvrage Recettes et récits sur France inter et Europe 1 rediffuse une émission de « La voix est livre » dédiée au bédéiste belge Jean Van Hamme.
Rentrée littéraire
Perumal Murugan déconstruit la famille indienne traditionnelle dans un roman qui a fait polémique à sa parution dans son pays.
Parution 16 janvier
Par
Jean-Claude Perrier
Abonnez-vous à Livres Hebdo
Accès illimité au site
LH Meilleures Ventes, tous les indicateurs métiers
LH le Magazine, le mensuel
LH Spécial, le thématique
Les bibliographies : Livres du Mois et Livres de la Semaine
Également disponibles sur notre boutique :
Numéros à l'unité, hors-séries, annuaire et planisphère.