Le narrateur est un climatologue passionné par les grands aventuriers qui ont jadis conquis les pôles, et dont le métier consiste à "prévoir les conséquences de l’action de l’homme sur le climat". Et ces temps-ci, il ne chôme pas dans son labo de l’université Pierre-et-Marie-Curie. "L’homme a subverti la nature", juge-t-il.
Le voici invité à Pékin pour une semaine, expliquant en séminaire à quatre-vingts cadres du Parti communiste le changement climatique. Vaste programme dans une ville ravagée par la pollution, où l’on vit avec des masques à gaz, y compris à l’intérieur des voitures ! Dans cette atmosphère d’apocalypse, il fait la connaissance d’un de ses collègues chinois, Ding Dong. Ce cinglé bling-bling et cynique veut créer une mousson artificielle afin de combattre la sécheresse qui menace le pays, quitte, pour ce faire, à dynamiter l’Himalaya. Il rencontre aussi Yun Li, originaire de Hong Kong, une journaliste à China Daily, dont il tombe amoureux. Il rencontre enfin Xin Xan Xun, une ex-actrice porno devenue milliardaire et multicarte, qui s’intéresse à la géo-ingénierie. Elle va recruter notre climatologue et le convaincre de participer à une opération démente, géniale ou suicidaire : manipuler le climat, envoyer dans l’atmosphère des microparticules miroirs qui refléteront la lumière et donc la chaleur, et feront baisser la température terrestre - si l’on a bien compris. Mais l’affaire ne se déroulera pas comme prévu : l’Etat chinois veille.
Science-fiction, ou futur proche ? Il n’y a que Tancrède Voituriez, auteur atypique, pour rendre la géo-ingénierie romanesque. Rappelons qu’il a commencé sa carrière littéraire (dans le civil, il est économiste) en 2003 avec Les grandes perturbations surviennent dans les régions où l’atmosphère est d’ordinaire instable, et qu’il a signé ensuite Les lois de l’économie (2010) ou L’invention de la pauvreté (2013), le tout chez Grasset. Comme Houellebecq, mais en moins déprimant, Voituriez est un écrivain du monde moderne. J.-C. P.
