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Un héros américain

Philippe Garnier - Photo Richard Dumas/La Table ronde

Un héros américain

Philippe Garnier ressuscite l’écrivain David Goodis qui, en 1947, connaît un grand succès, notamment grâce à l’adaptation de son roman Dark passage.

Par Olivier Mony,
avec Créé le 07.10.2016 à 01h32

Dans la bande de freaks, de doux dingues et d’agités du bocal qui forment le régiment d’élite de l’âge d’or du roman noir américain, David Goodis ne donne pas sa part au chien. Longtemps, de l’auteur de Cauchemar ou de La lune dans le caniveau, on ne sut pas grand-chose, ce qui suffit parfois à poser une légende. Une pauvre photo mal imprimée où un type s’escrime sur sa Remington, quelques éléments biographiques épars et parfois contradictoires, un parfum de défaite comme collé à son souvenir. Il faudra la défunte, et regrettée émission "Cinéma, cinémas", bientôt suivie d’une passionnante enquête et ballade biographique, Goodis : la vie en noir et blanc (Seuil, 1984), pour que Philippe Garnier, prenant soin avec délicatesse de ne pas vraiment dissiper les ombres, précise au moins les contours du mythe.

Car mythe il y a désormais comme nous l’apprend le non moins passionnant Retour vers David Goodis qu’il publie aujourd’hui. Si ce livre est bien sûr en filiation directe avec le précédent, il explore toujours plus, dans une version augmentée, richement illustrée, actualisée et parfois corrigée, les chiens-et-loups de ce gosse étrange, ce petit Juif de Philadelphie, qui ne parvint jamais tout à fait à couper le cordon ni avec sa ville natale ni avec les siens. A sa façon, moins désinvolte que rêveuse et énervée, Goodis est un héros américain. Un type de la rue mort au champ d’honneur de la gloire. O. M.

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