La relance du débat sur la rémunération des auteurs pour leur participation à des rencontres et animations a un temps terni l’image de Livre Paris à quelques jours de son inauguration, jeudi 15 mars au soir porte de Versailles. La polémique s’est répandue sur Internet et les réseaux sociaux malgré la rapide confirmation par les organisateurs que les auteurs seraient payés. Elle exprime aussi une reconnaissance de l’évolution de la nature de la manifestation, du salon vers le festival, à laquelle Reed et le Syndicat national de l’édition travaillent depuis trois ans. Car c’est bien le développement de la programmation de Livre Paris qui justifie les revendications des auteurs. L’ex-Salon du livre de Paris ne se contente plus de concentrer les séances de dédicaces au sein d’une sorte de librairie géante, mais se rapproche de l’univers du spectacle en sollicitant les auteurs à la manière d’acteurs pour mieux mettre en scène le livre et surtout ses contenus.
Cette année, au-delà des Flâneries littéraires qui fêtent leur troisième anniversaire en inaugurant des balades hors les murs, Livre Paris fait dans le ludique avec un Tournoi des mots, la reconstitution d’une scène de crime ou des expériences russe et québécoise de littérature "augmentée". Surtout, avec deux grands "faux procès" contre Gaston Lagaffe et Anna Karénine, il renouvelle l’approche de la création graphique et littéraire. Des initiatives en phase avec les évolutions en profondeur qui touchent la promotion du livre, dont le dossier de Livres Hebdo cette semaine témoigne en présentant dix pistes innovantes pour placer le livre en lumière.
L’installation, à l’initiative de petits éditeurs, de deux salons concurrents, L’Autre Salon et Livres et Curieux, constitue une autre manifestation de la transformation de Livre Paris. A défaut d’avoir réussi, il y a deux ans, sa tentative de s’étendre hors de ses murs, le salon "in" suscite l’émergence de deux "off". Comme tout festival.