On doit à Jean Lopez d'avoir dirigé une Infographie de la Seconde Guerre mondiale (Perrin, 2018) qui a connu un joli succès en librairie (24 000 exemplaires selon GFK). Le directeur de la rédaction de Guerres & Histoire est un spécialiste de la stratégie. Avec l'ancien diplomate Lasha Otkhmezuri, avec qui il avait signé une biographie du maréchal soviétique Joukov (Perrin, 2013) également remarquée (19 000 ventes), il laboure de nouveau le champ particulièrement sanglant de l'opération Barbarossa.

Le 22 juin 1941, Hitler attaque l'URSS et rompt le pacte de fer avec Staline. « La Wehrmacht entame une guerre d'extermination et de colonisation ; l'Armée rouge se vide de son sang, prise entre les feux d'un ennemi sans pitié et les assauts de la terreur stalinienne. » Dix millions d'hommes s'affrontent durant six mois sur un territoire deux fois comme la France. Plus de cinq millions de soldats et de civils vont mourir au combat, au cours d'exécutions, d'exactions ou lors des famines organisées. Les Roumains profitent de la fureur généralisée de ces orages d'acier pour massacrer les juifs d'Odessa.

De cet événement idéologisé à l'extrême de part et d'autre, les auteurs ont tiré un pavé de plus de 800 pages, un livre épais comme la guerre, épais comme la souffrance, lourde comme le poids des victimes. Avec mille morts par heure, c'est « le semestre le plus létal de la Seconde Guerre mondiale ». C'est aussi le moment où tout bascule. L'Armée rouge montre sa capacité de résistance malgré ses pertes considérables. Les nazis qui pensaient réitérer la surprise de la campagne de France sont désormais certains de leur défaite, d'autant que les Américains et les Britanniques ne voient plus les Soviétiques du même œil après leur compagnonnage avec le III^e Reich.

Dans cette fresque en cinq parties, comme les cinq actes d'un grand macabre particulièrement funeste, les auteurs ne se contentent pas de raconter les faits. En s'appuyant sur une montagne documentaire en plusieurs langues, ils apportent des éléments nouveaux sur les stratégies mises en œuvre et sur l'impossibilité pour Hitler de gagner cette guerre à long terme. Des cartes aident à comprendre ce « grand mouroir à ciel ouvert » qui défie la raison politique mais qui semblait inéluctable.