Chaque nuit, le jeune Sam risque gros, escaladant des façades d’immeubles pour y taguer des couples d’animaux. Ses graffs de toute beauté, il les dédie tout bas à une mystérieuse Gabrielle. Le jour, il montre patte blanche, se rendant au commissariat de quartier pour y glaner les noms des morts du jour, des SDF dont personne ne vient réclamer les corps. Avec sa tribu de clochards, ils ont monté une chorale, histoire de ne pas livrer sans hommage leurs potes d’infortune aux pelletées de terre humide et à l’humanité indifférente. Le soir, il joue aux échecs avec la voisine du quatrième, la vieille Decastel, aussi bougon que généreuse et ce n’est pas peu dire ! Un matin, au commissariat, une drôlesse qui n’a pas froid aux yeux, haute comme trois pommes et tout juste six printemps au compteur, lui met le grappin dessus, fermement décidée à ne pas le lâcher, au grand dam de l’adolescent qui a bien d’autres chats (de gouttière) à fouetter. En mal de famille et de chaleur humaine, la petite dont la mère croupit en hôpital psychiatrique voit dans le double mètre de Sam un doudou vivant. Comment résister à une émeutière aussi bout de chou ? Pendant ce temps, ça s’agite salement dans le bocal de la fliquette Nora Laval qui a la grosse pression. Les télés et les réseaux sociaux se payent déjà la tête des keufs, rapport aux splendides tags d’animaux dont l’auteur court toujours. Et voilà qu’une petite fille sous la tutelle de l’Aide sociale à l’enfance est enlevée à leur nez et à leur barbe dans leurs locaux mêmes. Un comble !
Une intrigue bien troussée, du suspense, des personnages attachants en diable… Muriel Zürcher sait y faire pour nous entraîner dans son polar. Sans oublier sa plume drolatique et alerte qui nous balade du passé de Sam aux toits de Paris. Fabienne Jacob