On a découvert Linda Grant en 2007. Lorsque les éditions Intervalles publiaient d'elle un récit passionnant, Le roman que je n'ai pas écrit : mémoires d'Israël, où l'écrivaine anglaise cherchait à saisir la complexité d'un pays hors norme. On l'a retrouvée ensuite deux ans plus tard chez Joëlle Losfeld avec un très beau roman, Ce qu'ils mettent sur le dos, qui décrivait une famille peu banale dans un Londres en pleine mutation.
La revoilà chez Intervalles, avec un autre roman, Nos années folles. Stephen Newman grandit, "inondé d'amour", en Californie, au bord de l'océan Pacifique. "Le parfait fils à sa maman", une belle Latina, a un père qu'il aime follement, employé dans un dépôt de stockage de fourrures, et des grandes soeurs. Pendant l'année, le héros de Linda Grant étudie sagement. L'été, dès ses 17 ans, il voyage grâce à la marine marchande. A 22 ans, persuadé d'être le prochain Einstein, il traverse les flots jusqu'en Angleterre en compagnie d'un certain Bill Clinton !
Boursier à Oxford, il y fume des joints, essaye de draguer des filles prénommées Grace ou Andrea. L'Américain aux cheveux noirs n'a lu que L'attrape-coeurs et Catch 22, il n'a jamais entendu parler de Tolkien ou de Wilhelm Reich. Au festival de l'île de Wight, Bob Dylan n'est qu'une minuscule silhouette au loin sur la scène... Linda Grant excelle ici à brosser le portrait d'une génération aussi idéaliste que désabusée. Ses délicieuses Années folles donnent envie de voyager dans le temps. De repartir illico vers le Swinging Oxford !