Biographie

Susie Morgenstern, « Mes 18 exils » (L'Iconoclaste) : Une fée bien-aimée

Susie Morgenstern - Photo DR

Susie Morgenstern, « Mes 18 exils » (L'Iconoclaste) : Une fée bien-aimée

Susie Morgenstern, reine des romans pour enfants, raconte sa vie sur la mélodie du bonheur, des douleurs et de l'amour à tout prix. Tirage à 9000 exemplaires.

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Par Kerenn Elkaim,
Créé le 29.04.2021 à 21h33

« Oh Susie, tu es tellement... originale. » Combien de fois miss Morgenstern n'a-t-elle pas entendu cette phrase ? Il est vrai qu'outre sa personnalité hors pair, elle a une vie rêvée. Ses lunettes roses en forme de cœur annoncent déjà la couleur. Cette femme clame à quel point elle aime la joie, qu'elle insuffle dans ses romans pour enfants. Qui n'a pas grandi avec au moins l'une de ses soixante-dix histoires phare ? Chevalier de la Légion d'honneur, elle est une célébrité mondiale mais sa terre d'adoption se trouve en France. « Le Salon du livre jeunesse de Montreuil ! Je n'ai jamais manqué cette fête dont nous sommes les stars ! » À Séoul, Susie est accueillie comme Madonna. Mais qui est cette femme à l'humour décapant ? Son autobiographie, construite autour de ses « 18 exils », lui ressemble. Elle y croque avec une sincérité croustillante et désarmante les périodes clés qui l'ont façonnée. Son livre se déguste comme un paquet de bonbons, surprenants et vitaminés. « La vie commence par un exil : Naître. Même si tout le monde y passe, avouez que c'est dur. Pourtant je n'ai jamais regretté, pas une seule minute. » Le ton est donné.

Ses racines se situent en Ukraine et en Pologne. Susie Morgenstern voit le jour en 1945 dans « la ville la plus hideuse des États-Unis », Newark - rendue célèbre par Philip Roth et Paul Auster. « Je ne pense pas qu'il y ait eu de faire-part pour annoncer ma naissance. On aurait été obligé d'écrire : Oh merde ! Encore une fille ! » Ainsi, la benjamine atterrit au sein d'une famille savoureuse, un quotidien féminin qu'elle qualifie volontiers de « cercle de sorcières ». Entre sa mère et ses sœurs, l'auteure en herbe hérite d'une force incroyable. La beauté lui fait défaut ? Tant pis, la première de la classe ouvre sa porte à la curiosité, l'intelligence et l'humour. « Je me demande si j'ai vécu un seul jour sans souci. Peut-être dans la petite enfance », qu'elle revisite avec nostalgie. Surtout lorsqu'elle quitte son univers pour venir s'installer en France. Son chevalier, Jacques, est mathématicien, mais il la soutient dans ses envies littéraires. L'amour et la maternité lui donnent des ailes, mais Susie n'oublie pas les galères ou la solitude de l'exil.

Chez elle, il n'y a point de tabous. La sexualité, la judéité, la vieillesse, la détresse ou la mort, tout y passe. « Mes cheveux sont blancs et je me dis que je suis enfin une blonde platine. » Ce nouveau look porte néanmoins les stigmates de la maladie, un cancer venu ronger son énergie mais pas sa drôlerie ou sa force de survie face aux imprévus. L'auteure qualifie 2020 « d'année maudite, moyenâgeuse, avec cette peste et ce choléra en forme de virus. Je me fais du souci pour le monde, pandémie, politiciens corrompus, manque de chefs, intelligence qui s'effrite, pouvoir abusif, la Terre en déroute. » Un tableau noir qui n'efface guère sa philosophie d'éternelle enfant. « Quelle vie ! Plus pleine, plus riche, plus drôle qu'un roman. C'est quoi une vie ? C'est éblouissant, splendide, magnifique ! »

Susie Morgenstern
Mes 18 exils
L’Iconoclaste
Tirage: 9 000 ex.
Prix: 19 € ; 304 p.
ISBN: 9782378801991

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