Susan et ses sœurs. Il y a des auteurs dont la postérité semble ne pouvoir se nourrir que de fonds de tiroir et d'autres dont la publication, fût-elle posthume, de textes inédits, ressemble à une forme de rendez-vous avec son lecteur. Susan Sontag, morte en 2004, est de ceux-là, les attendus, les toujours là. Et la parution (couplée avec la réédition d'un de ses essais majeurs, Le style camp) d'À propos des femmes, un recueil de textes, d'articles, d'entretiens, tous inédits et datés des années 1970, en apporte l'éclatante confirmation. Comme le rapporte justement la préfacière du volume, l'universitaire et autrice et critique Merve Emre, ce qui frappe d'emblée, c'est combien ces textes vieux de plus de cinquante ans n'ont, comme il est convenu de l'écrire, pas pris une ride - une formule dont Susan Sontag n'aura de cesse d'interroger le sens réel. Qu'elle y évoque les tours et détours, pour une femme, de la beauté, de l'âge, de la sexualité, du pouvoir, du patriarcat, de ce que l'on n'appelait pas encore la charge mentale, Sontag par la puissance de ses mots - on osera écrire de son style - dépasse les prérequis d'une époque, celle qui prétendait survivre à 1968 et au Vietnam, où le combat féministe faisait plus rage que jamais. Non, bien sûr, qu'elle prétende s'en absoudre. Au contraire, elle en est pleinement actrice et également une commentatrice avisée. Un peu comme en France, à la même époque, le Barthes des Fragments d'un discours amoureux l'était aussi. Ni là ni ailleurs, plus haut.
À propos des femmes
Christian Bourgois
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Nathalie Bru, avec une contribution traduite par Robert Louit et Philippe Blanchard
Tirage: 3 500 ex.
Prix: 20 € ; 216 p
ISBN: 9782267056167
