Des choses domestiques. Dans la répartition des tâches à la maison, certains travaux ont été longtemps assignés à un genre plutôt qu'à un autre. Sans remonter aux chasseurs-cueilleurs de l'âge de pierre, force est d'observer que nourrir, coudre, nettoyer, soigner... sont dans le foyer aujourd'hui encore souvent plus affaire de femmes que d'hommes. Dans Gestes de femmes, Sophie Coste réhabilite les activités jadis strictement dévolues à la gent féminine et remonte le fil d'une tradition trop vite dénigrée par nos biais déconstructivistes. Mais l'autrice n'entend pas renvoyer ses contemporaines ni leurs filles aux fourneaux, elle veut rendre simplement « hommage aux femmes dispensatrices de bien-être, pourvoyeuses de vie ». Sa propre mère qui s'était consacrée tant d'années à une maisonnée de sept, sans à l'époque le confort moderne des lave-linge et autres commodités technologiques, n'a pas spécialement souhaité transmettre certains de ces gestes à sa fille. Trop désireuse sans doute que sa fille s'émancipât de cette condition domestique.

L'agrégée de lettres ne méprise pas pour autant ces travaux. « Tisser », « laver », « cueillir », « porter »... Elle liste les verbes liés à ces opérations du quotidien dans le cocon de la famille. Et traitant son sujet comme on dévide une pelote tout à la fois pratique et poétique, Sophie Coste ourdit à son tour un récit, entre souvenirs d'enfance et réflexion sur la mémoire ancestrale du geste féminin, aussi souple qu'une étoffe soyeuse, émaillé de citations littéraires à l'instar de motifs qu'elle aurait brodés sur ce fluide tissu. Quel joli brocart que cet essai.