Depuis près de trente ans, Solenn Bardet, géographe, ethnographe, documentariste, s'est prise de passion pour la tribu des Himbas, des pasteurs semi-nomades de Namibie. Elle leur a déjà dédié plusieurs ouvrages, dont le très beau récit de voyage Pieds nus sur la terre rouge (Robert Laffont, 1998). Comme on revient toujours où l'on aime, elle a décidé de consacrer son premier roman à Tulipamwe, une battante, une héroïne moderne, qui a sauvé sa tribu des ravages du « progrès ». Tulipamwe est une métisse, fille d'une Himba et d'un diplomate français, Jean-Charles Suren, qui l'a courageusement abandonnée avant sa naissance.

Selon la coutume de son peuple, c'est son grand-père paternel, Simbatéré, qui l'a élevée, et lui a inculqué les valeurs ancestrales : le courage, notamment. Mais le vieil homme vient de mourir, et elle se sent perdue. Toutefois, lorsque naît le projet gouvernemental du barrage d'Okawe, qui aurait bouleversé tout l'écosystème des environs et menacé la survie même de sa communauté, Tulipamwe, sans hésiter, prend la tête de la révolte. Cela lui vaudra nombre d'avanies, de violences, et même d'être emprisonnée. Jusqu'au triomphe de sa cause, et à sa libération.

Chemin faisant, Solenn Bardet nous rappelle que les Himbas sont un sous-groupe des Hereros, massacrés par les Allemands entre 1904 et 1908 − le premier génocide de l'histoire moderne et ses « atrocités », reconnus officiellement, enfin, le 28 mai 2021, par le gouvernement allemand. Tulipamwe a dû danser de joie. Quant à Solenn Bardet, elle a prénommé sa fille Zélie-Tulipamwe.