"Kerouac français"
En 1971, alors que ses premiers textes ont été refusés par la plupart des éditeurs, il publie L'Inde des grands chemins chez Gallimard (repris avec deux autres textes dans Vers l'Inde paru en 2016 chez Arthaud), la critique de l'époque saluant alors en Jack Thieuloy le "Kérouac français". Mais son manuscrit suivant est refusé par l'éditeur. En 1974 sur le plateau de Bernard Pivot Jack Thieuloy s'en prend violemment à la maison Gallimard, traitant son fondateur, Gaston Gallimard, d'"escroc". Il se fâche aussi avec son éditeur suivant, Grasset, qui publie Le bible d'Amérique et Thieuloy ira jusqu'à dégainer un pistolet devant le P-DG, Jean-Claude Fasquelle.
Ketchup et cocktails Molotov
Il se jette ensuite à corps perdu dans le combat contre l'"establishment culturel": il arrose de ketchup Michel Tournier, qui doit recevoir la légion d'honneur; il place des cocktails Molotov sur les paillassons de jurés du Goncourt dont un seul éclatera, devant chez Françoise Mallet-Joris, provocant un début d'incendie.
Si Jack Thieuloy (1931-1996) a publié une vingtaine d'ouvrages (romans, récits de voyage, essais, poésie), ce polygraphe a laissé une masse d'archives à la Société des gens de lettres, qui a hérité de tous ses biens. Dans cet ensemble, un livre journal Nocturnal (toujours inédit) et cette sorte d'autobiographie qu'est Un écrivain bâillonné, "précipité des frustrations, des révoltes et des rancœurs du moment" selon la quatrième de couverture de l'édition à paraître le 18 avril, semblent être les textes les plus aboutis.