2015, année de toutes les inquiétudes sinon de tous les dangers. C’est peu dire que les professionnels qui organisent des manifestations littéraires commencent à s’inquiéter pour leurs financements. Le premier souci concerne moins les aides de l’Etat (même si le Centre national du livre a déjà raboté le montant global de ses subventions aux animations littéraires de 10 % entre 2012 et 2013) ou celles octroyées par les Régions (amenées à fusionner pour certaines d’entre elles) que l’argent distribué par les conseils généraux. De ce point de vue-là, "le plus dur reste à venir", commente Olivier Chaudenson, pour le compte du Relief (Réseau des événements littéraires et festivals).

On en saura plus en mars, grâce précisément à la publication d’une enquête menée par le Relief. Cette association a en effet passé au crible l’évolution des budgets de ses adhérents qui reposent sur un équilibre entre plusieurs sources de financements et où la place des collectivités territoriales est primordiale.

Restrictions

Déjà la dernière enquête du Motif (1), l’observatoire du livre et de l’écrit de la région Ile-de-France, faisait apparaître, sur 68 réponses, la disparition pure et simple de 12 rendez-vous littéraires (parmi les 63 qui avaient répondu à la même enquête cinq ans auparavant). "Nous autres, manifestations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles", pourrait-on écrire en paraphrasant Paul Valéry… Les budgets déclarés en 2014 par 45 manifestations sont, pour 18 d’entre elles, compris entre 10 000 et 50 000 euros. Par souci de pérenniser les choses, les organisateurs optent progressivement pour des partenariats pluriannuels avec les contributeurs financiers.

Aux restrictions budgétaires déjà perçues ou attendues, il faut ajouter parfois un effet "municipales". Ici ou là, à l’occasion d’un changement de majorité, des rendez-vous ont en effet été supprimés. Exit L’Autre Salon !, celui de l’édition et des médias indépendants, qui existait depuis 1998 à Grigny, dans le Rhône. Arrêt également du festival de l’imaginaire Zone franche, à Bagneux (92), après sept éditions. Et aucune certitude (autant dire des menaces…) sur une 16e édition en avril des Rencontres du livre et du vin de Balma (31). Pour d’autres raisons que le renouvellement d’équipes d’élus locaux, fin également du festival les Dionysies organisé par le CRL de Franche-Comté, qui poursuit cependant ses "Petites Fugues", en novembre. Les plus grandes manifestations ne font pas exception et le Salon du livre de Paris, où les exposants français réduisent leur présence, n’échappe pas à des contraintes budgétaires (2).

Créations

Et pourtant, les professionnels ne baissent pas les bras. L’"Agenda Livres ,Hebdo 2015" (voir pages suivantes) enregistre déjà plusieurs nouveaux rendez-vous. Tours organisera, du 25 au 29 mars, la première édition du festival "A (H)auteur de mots", dédié aux auteurs et à leurs mots, et présidé par Daniel Pennac et Jean-Marie Laclavetine. Hyères proposera sa première fête du livre, en partenariat avec la librairie Charlemagne et la médiathèque. A Paris, au Mémorial de la Shoah, encore une nouveauté : le salon Livre et mémoire (titre provisoire), en partenariat avec la librairie du Mémorial.

Surtout, du côté du ministère de la Culture, une nouvelle initiative d’envergure verra le jour : une fête du livre pour la jeunesse inédite, lancée par le CNL dans toute la France du 15 au 31 juillet. Vincent Monadé, président du CNL, en a détaillé les contours en annonçant quatre événements majeurs, dont l’un probablement à Paris, et les autres dans une grande ville possédant un lieu phare. Un appel à projets sera lancé en janvier et "tous les événements ont vocation à être labellisés", a souligné Vincent Monadé, qui promet des kits de communication, un référencement, une communication nationale et une aide pour rémunérer les auteurs…

Cette rémunération des auteurs invités dans les foires et salons pèse aussi sur les budgets. C’est une priorité pour le Relief, reprise par le CNL qui devrait préciser fin janvier de nouvelles règles en matière d’aides aux manifestations. Michel Puche

(1) Disponible sur www.lemotif.fr.

(2) Voir "Paris : un salon 2015 sous contrainte", LH 1019, du 21.11.2014, p. 25.

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