Il devait lire en anglais, finalement ne l’a pas fait. 'Trop fatigué' confie l’attachée de presse à la journaliste de la radio du stand SNCF. Il lit quelques lignes (deux phrases) en français puis passe la parole à une comédienne, auteure de contes pour enfants par ailleurs, Bertille Soullier. Elle a choisi l’extrait, soit le premier chapitre de son livre Les Charmes discrets de la vie conjugale.
Livres Hebdo : Quel effet cela vous a-t-il procuré d’assister à la lecture de vos propres textes en français ?
Douglas Kennedy : Et bien, je préfère que ce soit une grande comédienne qui se prête au jeu plutôt que moi... Normalement j’évite ce déboire. J’ai toujours peur de bafouiller, de ne pas respecter le texte. Finalement, je suis un romancier, pas un acteur. Je préfère discuter de mon œuvre, de ma méthode d’écriture.
LH : Récitez-vous vos textes à haute voix pendant le processus d’écriture ?
DK : Certains auteurs établissent un planning très précis avant de se lancer dans l’écriture. Certains romans partent d’eux-mêmes. Pour ma part, je ne me fixe jamais de grand planning. Même si mes romans sont très structurés, tout arrive pendant l’écriture, comme, par exemple l’histoire que je vais raconter et la voix des narrateurs et des narratrices tels que je les imagine. Pour ce qui est de la musicalité du texte, je pense qu’elle arrive plutôt après toutes les coupes [1100 pages environ avant de proposer le manuscrit, puis près de 150 pages avec l’éditrice] et les corrections.
LH : Vous attachez beaucoup d’importance à cette rencontre avec vos lecteurs ?
DK : J’ai signé pendant deux heures aujourd’hui et c’est un immense plaisir. Lorsque l’on est écrivain, on se trouve tout le temps seul. Alors ça fait du bien de rencontrer le public. Lors des dédicaces, je dialogue un peu. La célébrité n’est pas mon truc mais les auteurs froids, hautains m’insupportent. Je tiens à toujours rester ouvert et sympa. C’est un moment très important.
LH : Avez-vous déjà demandé une dédicace ? En possédez-vous une à laquelle vous tenez particulièrement ?
DK : J’ai deux lettres, deux cartes postales en fait, de Samuel Beckett que j’ai reçu dans les années 80, lorsque j’étais directeur d’un petit théâtre à Dublin. Ce sont deux cartes postales qui représentaient une pièce dont il était metteur en scène. Finalement, il n’a jamais fait le déplacement jusqu’en Irlande...
Douglas Kennedy : Les charmes discrets de la vie conjugale (A vue d'oeil)