Edition

Le Syndicat national de l’édition (SNE) a communiqué à la veille de l’été le rapport annuel de branche qui analyse la situation sociale des entreprises du secteur, et constitue l’élément d’information à la base des négociations avec les représentants des salariés. Prévu le 22 juin, son examen a été reporté à la rentrée : les syndicats ne l’avaient reçu que le jour même de la réunion, qui a été consacrée presque exclusivement aux travailleurs à domicile (TAD).

L’enquête est confiée au cabinet Asympteo, et le SNE encourage vivement ses quelque 400 adhérents à y répondre. Parmi eux, 92 l’ont fait, ce qui est plutôt un bon score. Les groupes sont surreprésentés comme chaque année : eu égard à leur taille, il suffit de quelques dizaines de répondants pour atteindre un nombre de salariés important. Cette année, l’effectif enquêté atteint 7 230 salariés (présents en fin d’année, sauf TAD), à 91 % dans des groupes. L’effectif total de la profession est estimé à environ 16 000 salariés, selon l’Insee. Le rapport examine l’emploi, les salaires et la formation, avec une attention particulière à l’égalité femmes-hommes, et aux TAD. Pour calculer des évolutions, un périmètre comparable est établi avec les entreprises ayant répondu en 2015 et 2014, ce qui réduit le champ du rapport pour cette partie à 58 sociétés.

L’emploi

Sur ce périmètre, l’effectif global des salariés en CDI a baissé de 4,7 %, à 6 303 personnes (133 postes en moins). En 2014, le solde entre les départs et les embauches en CDI était de - 170, et de - 187 en 2013. Ce solde était négatif aussi les années précédentes. En cinq ans, le nombre d’éditeurs inscrits à Pôle emploi a progressé de 18 % (1 950 à fin mai dernier).

La démission est la première des causes de départ (30 %), devant la retraite (19 %), la rupture conventionnelle (15 %) et le licenciement pour motif personnel (faute, insuffisance, absences répétées, donc une situation conflictuelle, 10 %). La répartition des départs entre femmes et hommes est rigoureusement identique à leur proportion dans le secteur (71 % / 29 %). Tous statuts confondus (fin de CDD, interruption de CDI), 14 % des salariés ont quitté leur entreprise en 2015, contre 11 % l’année précédente. L’embauche en CDD a en revanche progressé : 541 contrats ont été signés en 2015, contre 426 en 2014 (+ 42 %).

Les salaires

A périmètre comparable, les salaires moyens et ceux des 10 % des salariés les moins payés (1er décile) ont légèrement progressé pour la plupart des premiers échelons des employés, des techniciens et des agents de maîtrise, indique la brève synthèse du SNE accompagnant le rapport. "Les valeurs médianes progressent uniquement pour les employés. Pour les autres catégories, les médianes sont stables", ajoute ce communiqué. Le salaire médian partage l’effectif en deux moitiés égales, au-dessus pour l’une, en dessous pour l’autre. Son évolution est plus révélatrice que celle d’une moyenne.

L’enjeu des salaires dans l’édition se trouve surtout au niveau des cadres, qui représentent 68 % des effectifs, contre 64 % en 2014. Le tableau des salaires pour les employés fait apparaître une curieuse chute en 2015 (360 salariés en moins), réduisant leur proportion à 7 %, sans explication apparente. Le nombre de techniciens et agents de maîtrise recule légèrement à 14 %. Le changement de statut d’employé ou technicien à cadre n’a concerné que 85 salariés.

Sur les 10 échelons de la grille des cadres, 5 salaires médians sont en hausse (+ 0,5 à + 2 %) et 5 en baisse (- 0,9 à - 3,3 %). La valeur médiane de l’échelon C2A, le plus important en effectif (jeunes cadres avec quelques années d’expérience), à 41 667 euros (brut, fixe + variable), est en hausse de 2 %. Le salaire médian du premier échelon augmente de 1,3 %, à 33 429 euros, et celui du dernier échelon de 0,7 % à 119 828 euros. Le rapport n’indique pas d’évolution de masse salariale globale dans les entreprises du périmètre comparable.

Egalité femmes-hommes

L’égalité ou plutôt l’inégalité des salaires entre femmes et hommes reste inchangée. Le SNE a pourtant signé un accord sur le sujet en 2013. Le rapport 2016 a demandé aux entreprises si elles vérifiaient le respect de cette obligation. C’est oui à plus de 95 % dans les groupes, à 75 % chez les indépendants. Mais en cas de décalage, seulement 40 % "envisagent" des actions correctives, lesquelles ne sont pas précisées. Les plus exposé(e)s au non-respect du salaire minimum conventionnel (23 cas) sont ainsi des femmes.

Chez les cadres, le salaire médian des femmes est supérieur pour le seul premier échelon (elles sont en général plus diplômées). A tous les autres niveaux, leurs homologues masculins sont mieux payés (+ 4,8 à + 20,4 %). Hors part variable du salaire, l’écart est moindre (+ 2,9 % à + 16,8 %). Dans les 27 fonctions les plus significatives de l’édition, les femmes sont mieux payées pour sept d’entre elles (correcteur, technicien de fabrication, assistant commercial, chef de produit), mais avec logique : elles ont plus d’ancienneté, ou sont plus âgées que leurs homologues masculins sauf chez les responsables de comptes clés, et de cessions et acquisitions de droits : les femmes sont plus jeunes, ont moins d’expérience et sont pourtant mieux payées. Mais les effectifs sont si faibles (six hommes concernés, 24 femmes) que les statistiques ont peu de sens dans ces exemples. La médiane est égale pour les seul(e)s attaché(e)s de presse, un métier massivement féminin (moins de 10 % d’hommes).

Pour faire des économies, les entreprises d’édition devraient donc embaucher encore plus massivement des femmes. Ainsi exposés à une concurrence féroce, les hommes pourraient décider qu’il est temps d’appliquer vraiment l’égalité professionnelle.

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