Roman Polanski essaie de filmer l'Affaire Dreyfus depuis dix ans. "J’ai lu un nombre incroyable d’ouvrages sur l’affaire Dreyfus, l’un après l’autre, mais je ne trouvais pas la manière de raconter l’histoire" raconte le cinéaste. D. a provoqué le déclic, lui permettant de traiter l'Histoire comme un thriller contemporain où Picquart joue les lanceurs d'alerte.
Dans un entretien au journal Le Monde, Polanski explique ce choix. "Si nous avions tenté d’écrire un scénario à partir de tous les livres d’Histoire, nous nous serions perdus" explique-t-il. Pour le réalisateur, qui a reçu une Palme d'or à Cannes, un Ours d'or à Berlin, huit César du meilleur réalisateur et un Oscar, le roman d'Harris était une "formidable approche", plus simple pour savoir comment aborder un tel événement historique.
Dans ce même entretien, Roman Polanski précise la différence entre cinéma et littérature : "Malheureusement, dans les films, vous devez être moins subtil que vous ne pouvez l’être dans un livre, en littérature. C’est un média différent. Vous ne pouvez pas raconter une histoire de la même manière que dans un roman. Les séries télévisées sont, à mon avis, plus proches de la littérature. Il y a des scènes auxquelles nous avons dû renoncer. En revanche, certains épisodes dramatiques (procès, dégradation) qui se succèdent, composent une histoire très visuelle et donc se prêtent bien à l’adaptation cinématographique."
Le roman de Robert Harris prend comme point de vue celui de Georges Picquart, promu à la tête du service de renseignements qui a traqué Alfred Dreyfus, condamné au bagne pour espionnage. En relisant le dossier, Picquart découvre des détails troublants qui lui font croire que Dreyfus est innocent.
Le budget du film est estimé à 35 millions d'euros. Roman Polanski travaille actuellement à la mise en scène du Bal des Vampires, comédie musicale inspirée de son propre film, qui prendra l'affiche à Paris en octobre.