2 mai > roman Canada

Des réfugiés continuent à rallier quotidiennement les côtes européennes, mais de l’autre côté du globe, les Etats-Unis incarnent aussi l’eldorado. Cette terre fait notamment rêver les Mexicains. Parmi eux, Hector tente l’aventure en compagnie de son ami Cesar, mais le voyage tourne au cauchemar. Ils font partie d’une poignée de migrants tombés entre les mains des "coyotes". Ces passeurs, sans foi ni loi, sont des charognards. Après avoir dépouillé leurs victimes de leurs ultimes économies, ils les abandonnent en plein désert. Leur enfer ? Un camion-citerne coincé sous un soleil de plomb. "Il n’y a pas de fissures, de boulons ou de pièces détachées qu’on puisse enlever. C’est la prison parfaite, aussi lisse à l’intérieur qu’un œuf."

Ainsi débute le roman glaçant de John Vaillant. Journaliste au New Yorker et au National Geographic, ce grand voyageur a eu le prix Nicolas-Bouvier 2012 pour Le tigre. Cet amoureux de la nature plonge Les enfants du jaguar dans un milieu hostile, histoire de nous faire ressentir l’effroyable sort de certains clandestins. Son héros Hector n’a rien d’une teigne. Il a pour seul tort de vouloir survivre. Alors que ses camarades d’infortune s’éteignent, chaque gorgée d’eau, chaque goulot d’air devient précieux. "Espérer et attendre", mais comment ne pas sombrer ? Le narrateur possède un outil inestimable, un téléphone portable. Tel un long SOS, son monologue s’adresse à Annimac, une femme qu’il n’a jamais vue. Il s’accroche à elle comme à un cordon ombilical imaginaire. "Il paraît que l’espoir est ce qui meurt en dernier, mais je crois que c’est plutôt notre histoire. Voilà pourquoi il faut que je la raconte." Hector revisite le Mexique et les personnages de son enfance. Une "terra cognita" qui lui permet de renouer avec sa part humaine. "Quand tu oublies d’où tu viens, tu peux disparaître." Kerenn Elkaïm

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