D’ici fin janvier, le libraire numérique canadien Rakuten Kobo aura racheté à Deutsche Telekom la plateforme créée par le groupe de télécommunications pour servir d’opérateur technique à Tolino, le groupement de chaînes et de libraires indépendants créé en Allemagne pour la diffusion de livres numériques. L’opération est soumise à l’accord de l’autorité allemande de la concurrence, selon le communiqué publié début janvier par Deutsche Telekom.
Créé en mars 2013, Tolino rassemblait au départ les chaînes Thalia, Hugendubel, Weltbild et le club Bertelsmann, avec Deutsche Telekom comme partenaire technique, pour créer un système complet de diffusion de livres numériques, proposant également une liseuse intégrée. Les chaînes Osiander et Mayersche ont ensuite rejoint le groupement, de même que 1 500 libraires indépendants via une solution proposée par le distributeur Libri. En 2015, dans un marché numérique pesant 5 % du marché global du livre, Tolino réalisait 45 % des ventes, contre 39 % pour Amazon, selon GFK.
Créée en 2009 par la chaîne canadienne Indigo, Kobo (anagramme de "book") a été repris l’année suivante à 58 % par le groupe japonais Rakuten, qui a racheté 100 % du capital en 2012. Rakuten Kobo a entrepris un développement mondial, le plus souvent via des partenariats avec des acteurs locaux. En octobre 2011, il a ainsi annoncé un accord avec la Fnac, étendu en décembre dernier à la filiale espagnole de la chaîne française.
Rien ne changera dans le fonctionnement de Tolino, ni pour les partenaires ni pour les clients, assure Deutsche Telekom, se félicitant du succès obtenu et ajoutant qu’il était temps de vendre cette activité, sans préciser le montant de la transaction. Les autres fondateurs se disent aussi satisfaits de l’opération, qui fait rentrer dans Tolino un concurrent jusqu’alors marginal sur le marché numérique allemand.
Kobo a installé sa holding européenne au Luxembourg. Selon le dernier bilan publié, les pertes atteignaient 1,6 million d’euros en 2014, pour 14,8 millions d’euros de charges au total, dont 8,2 millions de managements fees reversés à la maison mère, et 4 millions de droits versés aux éditeurs. L’an dernier, Rakuten a annoncé une dépréciation importante de la valeur de Kobo dans ses comptes.
Hervé Hugueny