A moins d'une semaine de la proclamation le 4 novembre de la plus prestigieuse des récompenses littéraires françaises, les 16 critiques littéraires interrogés par Livres Hebdo sont, pour une fois, partagés dans leurs pronostics. Ils sont aussi nombreux à prévoir l'attribution du Goncourt 2019 à Amélie Nothomb pour Soif (Albin Michel) qu'à Jean-Paul Dubois pour Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon (L'Olivier), quand Sabine Audrerie (La Croix), Nelly Kaprièlian (Les Inrockuptibles) et Marianne Payot (L'Express) ne parviennent pas à départager ces deux finalistes. Egalement présents dans la troisième et dernière sélection de l'Académie Goncourt, Jean-Luc Coatalem (La part du fils, Stock) n'est misé gagnant que par Catherine Fruchon-Toussaint (RFI) tandis qu'Olivier Rolin (Extérieur monde, Gallimard), n'est pas mentionné. Le doyen des finalistes « mériterait » toutefois le Goncourt, d'après quatre critiques, pour ce livre « foutraque », « à la beauté crépusculaire ».
Pour les critiques, Amélie Nothomb et Jean-Paul Dubois ont l'avantage de défendre des titres « grand public » à une période où « la librairie tire la langue », souligne Pierre Vavasseur au Parisien. « Il paraît que le jury veut un coup d'éclat (comprendre un énorme succès) et Soif est déjà un best-seller. Autre possibilité : Jean-Paul Dubois. Il arrive à la deuxième place des meilleures ventes », lance Nelly Kaprièlian.
Mais si les Goncourt devaient couronner une œuvre, un parcours, ce -serait celui de Jean-Paul Dubois, estiment la majorité des journalistes littéraires lorsqu'on leur demande qui, d'après eux, devrait obtenir le prix. « L'auteur d'Une vie française bâtit une œuvre -majeure avec des romans reconnaissables entre tous, un style incomparable, un univers unique », affirme Bernard Lehut (RTL). Le Goncourt serait « une consécration méritée » pour un « roman parfait, à la fois drôle, émouvant, intelligent et impeccablement construit, qui prolonge ce qu'il faut bien appeler une œuvre », complimente Grégoire Leménager à L'Obs. En parallèle, au moins 7 auteurs sont cités une fois comme méritant le prix. Parmi eux, deux auteurs P.O.L : Santiago H. Amigorena, présent dans les deux premières listes pour Le ghetto intérieur, et Marie Darrieussecq, saluée pour La mer à l'envers.