Quelle solution numérique pour les librairies indépendantes ?

Quelle solution numérique pour les librairies indépendantes ?

Leslibraires.fr, ePagine, Numilog, Izneo et TEA proposent des solutions de ventes de livres numériques aux librairies indépendants qui n'ont ni les moyens ni le temps de réaliser ces développements par eux-mêmes.

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Par Hervé Hugueny,
Créé le 07.10.2014 à 14h05 ,
Mis à jour le 09.10.2014 à 16h59

"Une des clés du succès, c'est de vendre des supports de lecture aux couleurs de la librairie." GUILLAUME DECITRE- Photo OLIVIER DION

EPagine et Numilog se partagent à parts presque égales l'équipement technologique des libraires indépendants qui se sont lancés. Selon le Syndicat de la librairie française (SLF), ils sont 80. "39 partenaires utilisent notre solution", précise Denis Zwirn, P-DG de Numilog, qui en a repris le contrôle en avril dernier, quatre ans après sa cession au groupe Hachette. Numilog a équipé L'Appel du livre, premier libraire à s'être lancé en 2007, et, plus récemment Gibert Jeune, Carrefour, Darty ou encore Les 3 Suisses. EPagine revendique une cinquantaine de clients, dont Virgin Megastore, les librairies Gallimard, Sauramps, Ombres blanches, souligne Stéphane Michalon, directeur du développement de la plateforme d'e-commerce, filiale de Tite-Live. Le e-distributeur Izneo propose aussi ce service aux spécialistes de la BD et équipe le réseau Album.

Google a abandonné

Deux concurrents arrivent, issus de la librairie : au début de l'année, Dialogues, à Brest, a démarré Leslibraires.fr, un portail de vente de livres papier rassemblant aujourd'hui 18 indépendants, et qui vient tout juste d'ouvrir la vente de livres numériques. Et Decitre a développé The Ebook Alternative (TEA) en mars dernier, dont le premier utilisateur extérieur est Cultura, également actionnaire minoritaire de TEA, et ancien client d'ePagine. Lalibrairie.com, site en marque blanche développé par le groupement Librest, proposera aussi du livre numérique à ses adhérents. C'était également au programme de 1001libraires.com, et c'est toujours une priorité du Centre national du livre (CNL) et du ministère de la Culture, à la recherche d'un autre projet collectif après l'échec de la première tentative. Google a pour sa part abandonné l'ambition d'accueillir des libraires indépendants sur son ebookstore, qui ouvrira prochainement en France.

La connexion aux distributeurs numériques est la fonction première de ces différentes solutions, qui agrègent l'offre numérique de tous les principaux groupes français et proposent aussi des livres en langues étrangères, anglais tout d'abord. La signature des contrats avec les e-distributeurs incombe au libraire. Le système de paiement, autre fonction essentielle, peut prendre en compte aussi le livre papier pour former un panier unique (Leslibraires.fr ou ePagine), mais ce service, pratique pour le client, demande des développements coûteux s'il faut l'intégrer à un site existant. Il y a évidemment un back-office, qui permet de suivre les ventes, composer sa page d'accueil, faire des dossiers thématiques, parfois ajouter des avis. A défaut, les choix du gestionnaire de la plateforme de vente s'affichent, ce dont se contentent nombre de libraires. Indispensable pour se distinguer, la personnalisation de la vitrine suppose de connaître le catalogue numérique, au-delà du flux de nouveautés. "C'est ce qui demande le plus de temps, alors que les ventes restent très limitées. Mais si nous ne travaillons pas aussi cette offre, la demande ne décollera pas", constate Ingrid Ledru, chargée d'Ombresblanches.fr, version papier et numérique. Thierry Lecompte, directeur de L'Appel du livre, y consacre une petite demi-journée par semaine, pour un chiffre d'affaires qui n'atteint pas 1 % de l'activité de la librairie.

Le prix de ces systèmes varie considérablement... en fonction de la personnalisation de l'architecture du site. L'installation de base d'ePagine est gratuite pour les clients de Tite-Live, qui retient 9 % de commission sur les ventes. Pour les autres, les frais d'installation sont de 200 euros, et la location mensuelle de 60 euros, à quoi il faut rajouter les 9 % de commission - ce qui comprend le SAV avec les clients. L'essentiel des problèmes vient de l'installation des DRM. La version standard de Numilog est également gratuite, indique Denis Zwirn, qui ne communique pas le taux de commission sur les ventes. Leslibraires.fr revient à 25 euros par mois en site simple, numérique compris, et le tout est pris en charge pour la première année par le CNL, souligne Caroline Kernen, responsable du portail. Pour le numérique, il faut y ajouter 5,5 % pour le SAV. "Mais il faut aussi prévoir un abonnement de 20 euros par mois au Fel de Dilicom", ajoute Philippe Leblois, de la librairie Athenaeum à Beaune, spécialisée dans la vigne et le vin. Client de Tite-Live, il hésite du coup entre Leslibraires.fr et ePagine...

Pas évident

A 25 % en moyenne de taux de remise, il faut vendre pour une centaine d'euros d'ebooks pour équilibrer ces frais pourtant réduits, ce qui n'apparaît pas si évident. Avec une fourchette de frais d'installation de 1 000 à 3 000 euros, une location mensuelle de quelques centaines à plusieurs milliers d'euros et 5 à 10 % de commission, TEA se destine à des libraires beaucoup plus déterminés. "Une des clés du succès, c'est de vendre des supports de lecture aux couleurs de la librairie", insiste Guillaume Decitre. TEA a passé un accord avec Bookeen pour que ses partenaires commercialisent la liseuse tactile Orizon à 129 euros. Lorsqu'un client activera le compte de sa liseuse, Bookeen la repérera à son numéro de série, et lancera le bookstore à l'adresse de la librairie en question, explique Guillaume Decitre. Une solution à laquelle Numilog réfléchit et que ePagine propose aussi avec Bookeen, qui a été retenue par Virgin. Par ailleurs, ces plateformes proposent ou préparent des applications de lecture, ou de vente, via les smartphones ou tablettes, aux couleurs des libraires.

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