La bibliothèque doit être le reflet des tendances du moment, écrit le Manifeste de l'Unesco sur la Bibliothèque publique. Les jeux vidéo et de société en sont une, et les médiathèques s'en font bien l'écho. « De plus en plus de bibliothèques fusionnent avec des ludothèques déjà existantes ou veulent proposer des temps ludiques », observe Anne Marion, responsable du fonds d'expositions itinérantes à la médiathèque Côte-d'Or, qui coordonne 242 lieux de lecture. Depuis cinq ans, son budget est passé de 8 000 à 12 000 euros pour acheter des outils numériques comme des consoles et télévisions, disposées au prêt.
« On reçoit énormément de demandes de médiathèques qui souhaitent, lors de leur rénovation, développer la partie jeu », rejoint Vincent Bonnard, membre de la commission jeux de l'Association des bibliothécaires de France. Exemple : la médiathèque de Veynes (Hautes-Alpes) accueille depuis sa rénovation en février 2020 un espace jeux de société, qu'elle s'interdit pour l'instant de disposer au prêt. « Vu l'engouement, il n'y en aurait plus sur place ! », justifie la directrice Valérie Bruno.
Entre jeux et livres, il n'y a qu'un pas. Les escape games rappellent le polar, certains jeux sur table sont tirés de romans, et Hachette est devenu un éditeur de jeux de société. Pour les bibliothèques, c'est l'occasion de dépoussiérer leur image. Autre apport : « Disputer une partie avec une personne en individuel nous la fait découvrir », remarque la responsable jeunesse Marie-Laure Duquenoy. Le visiteur profite aussi des pépites repérées par le médiateur numérique - Vivien Seugnet mentionne Journey ou Flower, du développeur indépendant thatgamecompany. Bibliothécaire ou usager, c'est gagnant-gagnant.