«... Au fil des articles, tu découvrais que Le grand sommeil était tiré d’un roman de Raymond Chandler, et que Quand la ville dort était au départ un polar de William Riley Burnett. Après avoir vu le film, j’achetais le livre et je le lisais. Et comme j’ai toujours eu un côté curieux et collectionneur, je découvrais vite que l’auteur de Quand la ville dort était le type qui avait écrit Le petit César, qui était aussi un film. Et je me mettais à la recherche de tous les bouquins de Burnett. De Chandler. De Hammett», raconte François Guérif. Le fondateur et directeur de « Rivages/Noir » se livre dans Du polar, un recueil d’entretiens avec le journaliste Philippe Blanchet à paraître le 3 avril chez Payot. Lui qui fut aussi libraire d’occasion (Au Troisième Œil, à Paris) montre que son initiation au polar lui est venue de son goût pour le cinéma - il a écrit nombre de biographies d’acteurs, d’entretiens (Conversations avec Claude Chabrol) et d’essais (Le film noir américain). Son évocation des maisons auxquelles il a collaboré et des collections qu’il a créées comme « Red Label » chez Pac, la revue Polar, les polars étrangers de « Fayard noir », « Engrenage international » au Fleuve noir, jusqu’à la rencontre en 1973 avec Edouard de Andréis, le fondateur de Rivages, constitue, sur quarante ans, une histoire du genre dont il ne cache pas les problèmes, comme ceux de la traduction. Il a construit un catalogue prestigieux, et celui-ci repose avant tout sur des histoires d’amitiés : pour Léo Malet (auquel il a présenté Jim Jarmusch), Jean-Patrick Manchette, Pierre Siniac, Michel Lebrun, Tony Hillerman, Donald Westlake, Edward Bunker, Robin Cook, James Lee Burke, Paco Ignacio Taibo II, David Peace, Dennis Lehane… et bien sûr pour le très fidèle James Ellroy. <