16 février > Essai Belgique > Paul Nougé

"Nous nous aidons à inventer sur le réel deux ou trois idées efficaces." Paul Nougé (1895-1967) pensait à coups de tracts, de manifestes et d’invectives. Dans une belle édition illustrée, Allia propose l’intégralité de cette œuvre dispersée dans des publications à petits tirages. L’homme qui est à l’origine du surréalisme belge n’a jamais transigé avec le côté insurgé du mouvement. C’est pourquoi il fut autant apprécié des situationnistes et de Guy Debord.

Ses écrits anthumes pour la première fois réunis font revivre une époque qui court de 1922 à 1967. Paul Nougé fut l’un des fondateurs en 1919 de la section belge de la IIIe Internationale. Biochimiste, il rechercha dans les mots la formule de la révolution surréaliste aux côtés de Marcel Mariën, Louis Scutenaire ou René Magritte et fit d’une revue comme Les Lèvres nues son laboratoire littéraire.

Ecrits de circonstance, articles, prises de position, récits érotiques, poèmes ou correspondances dont un échange de lettres délirantes entre le Premier ministre belge Paul-Henri Spaak et Nougé, tous les textes sont replacés dans leur contexte par Geneviève Michel. C’était le temps où Bruxelles bruxellait, de la typographie folle et des sentences bizarres comme les toiles de Magritte. "Ouf, allons maintenant nous démaquiller et boire un coup de rouge à la santé des grands déménageurs."

Dans ce code d’irrévérence, la devise pourrait être "faire croire que tout arrive". La vie littéraire et artistique défile, les débats s’animent. Tout n’est pas indispensable - on trouve même un article scientifique sur l’exploration fonctionnelle du foie -, mais tout y est. Intégral et singulier. Laurent Lemire

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