Hormis le Médicis couronnant un livre paru en janvier dernier, et le Femina qui levait une malédiction trentenaire contre les éditions Grasset, les décorations de la semaine ont été distribuées dans une même petite foulée que la semaine précédente, sans humeur particulière, chacun ou presque de la petite douzaine des titres les plus évoqués de cette rentrée trouvant, au fil des proclamations, lauriers à sa tête.
En fin de cycle pour cause d'alternance avec le Goncourt, le jury du Femina qui l'avait un temps envisagé n'a même pas eu à réintroduire un auteur de ses premières listes : pas encore couronné, Simon Liberati l'a emporté sans problème avec Jayne Mansfield 1967 (Grasset) au premier tour par neuf voix contre trois à Colette Fellous (Un amour de frère, Gallimard). Une agréable reconnaissance pour l'éditeur de la rue des Saint-Pères, dont le dernier Femina remonte à 1977 et qui cette année n'a obtenu qu'un prix, celui de l'Académie française !
Grand gagnant. Avec encore trois titres dans la sélection essai, Gallimard - grand gagnant avec ses filiales de la saison, avec sept des quatorze palmes déjà distribuées - l'a emporté sans surprise : Laure Murat, déjà finaliste du Femina (et du Renaudot) en 2003 pour son précédent essai, Passage de l'Odéon (Fayard), obtenait sept voix pour L'homme qui se prenait pour Napoléon : pour une histoire politique de la folie, contre cinq à Frida Kahlo : la beauté terrible de Gérard de Cortanze (Albin Michel).
Le Femina étranger est allé à Francisco Goldman pour Dire son nom, publié chez Bourgois (déjà lauréat en 2007 avec Edward St Aubyn), par sept voix contre cinq à Persécution d'Alessandro Piperno (Liana Levi).
Trois jours plus tôt, le Médicis prouvait que la vie d'un livre pouvait dépasser deux mois en couronnant Mathieu Lindon pour son roman Ce qu'aimer veut dire, paru en janvier chez P.O.L. Provoquant la seule surprise de la saison, il a été élu au premier tour par cinq voix contre quatre pour Charles Dantzig (Dans un avion pour Caracas, Grasset), donné grand favori et finalement bredouille. Le Médicis étranger couronne, à l'unanimité, David Grossman pour son roman Une femme fuyant l'annonce (Seuil), tandis que trois tours auront été nécessaires pour élire par cinq voix Sylvain Tesson pour son essai Dans les forêts de Sibérie (Gallimard), dont il était évident qu'il remporterait un prix.
La veille, Laure Adler, présidente du jury du prix Décembre se "refusait à désigner un perdant" en utilisant sa double voix, poursuivant la distribution des bons points à Jean-Christophe Bailly pour Le dépaysement : voyages en France (Seuil) et Olivier Frébourg pour Gaston et Gustave (Mercure de France), le troisième finaliste, Emmanuel Carrère, ayant déjà obtenu le Renaudot.
Simultanément, les jurés téléspectateurs de France Télévisions faisaient fi de la polémique pointant les liens entre Delphine de Vigan et François Busnel, membre du jury, pour couronner l'auteure déjà très gâtée de Rien ne s'oppose à la nuit (Lattès) au troisième tour, par onze voix contre six à Sorj Chalandon (Retour à Killybegs, Grasset, grand prix du Roman de l'Académie française) et trois à Brigitte Giraud (Pas d'inquiétude, Stock). Et mardi 8 novembre, un troisième prix tombait dans l'escarcelle de Delphine de Vigan, celui du Renaudot des Lycéens.
Mais comme si décidément il ne fallait pas qu'il y ait de perdant cette année, le Goncourt des Lycéens couronnait Carole Martinez, finaliste malheureuse du Goncourt.