Avant-portrait Rentrée littéraire > Ludovic-Hermann Wanda

La vie est un long-métrage." Celle de Ludovic-Hermann Wanda est pleine de rebondissements. Une voie singulière reflétée dans son look très soigné de dandy tatoué. "J’aime véhiculer la beauté verbale et vestimentaire." Son cou affiche sa philosophie: "Noblesse, dignité, élégance."

Issu de l’aristocratie camerounaise, le trentenaire n’a pourtant pas grandi dans un berceau doré. Son enfance, au cœur d’une cité en région parisienne, a été fragilisée par l’abandon du père. "A la maison, ce n’était pas Dolto qui primait, et ma scolarité a rimé avec réjouissance. Il n’y a que là que j’existais." Le premier de la classe bascule à l’adolescence. Ludovic-Hermann Wanda assiste pétrifié au racket de son meilleur ami. "J’ai compris qu’on est soit une proie, soit un prédateur." Il choisit le camp de "la racaille" et devient ultraviolent. Ce "Rambo des rues" cumule les incarcérations, et parvient néanmoins à décrocher son bac scientifique. Direction la Sorbonne, section mathématiques. Il renoue pourtant avec "le trafic de drogue et l’argent facile". La justice l’envoie à Fleury-Mérogis. "Je pensais que ma vie était foutue…"

"Black et philosophe"

C’est là que s’ouvre son premier roman détonnant. "L’enfermement correspond souvent à un désert", mais pour Ludovic-Hermann Wanda, il constitue une chance. Il atterrit dans la cellule de Richard, "une seringue sur pattes", qui lui offre son érudition judaïque. Leur "amitié affective et intellectuelle" encourage le protagoniste de son roman - rebaptisé Frédéric - à plonger dans la lecture.

"La bibliothèque m’est devenue vitale." Un univers inédit s’ouvre à lui, y compris au niveau du langage. Son écriture vive jongle d’ailleurs entre le "wesh-wesh" de départ et l’art de manier le français, de façon bigarrée et drolatique. "Je ne savais pas qu’on pouvait être black et philosophe. Ainsi, je suis d’abord un esprit et un récit", affirme Ludovic-Hermann Wanda qui a réussi à dompter ses "démons intérieurs. La lecture, le savoir et la culture me protègent de moi-même. Ils m’ont libéré d’un tunnel identitaire."

Son regard sur le monde carcéral se veut aussi le portrait d’une certaine France, abandonnant une frange de sa jeunesse. "Je suis reconnaissant envers la République, mais elle doit diffuser le savoir et le verbe au plus grand nombre. Ayant pris mon destin en main, je veux transmettre le goût de la lecture, qui enrichit la vie." Kerenn Elkaïm

Ludovic-Hermann Wanda, Prisons, L’Antilope, Prix: 19 €, 287 p., Tirage: 3 300 ex., sortie: 23 août, ISBN: 979-10-95360-70-4

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