Rentrée d'hiver

Avec 71 premiers romans programmés en janvier et février 2020 contre 77 titres parus à la même période en 2019, la production se contracte de 6 %. Néanmoins, dix éditeurs n'hésitent pas à proposer davantage de premiers romans dans leur catalogue pour cette rentrée d'hiver et ceux qui jouent la carte du renouvellement la jouent à fond. Flammarion, qui défendait déjà quatre primo-romanciers à l'automne dont le remarqué Victor Jestin avec La chaleur, poursuit son travail de découverte avec cinq premiers romans. Le Seuil en prévoit trois (Nicolas Leclerc, Hugo Paviot, et l'islamologue Rachid Benzine). Le Cherche Midi, qui avait passé son tour à l'automne, revient cet hiver avec deux premiers textes de Charlotte Gabris etd'AnoukF.. Albin Michel, dont les premiers romans de l'automne sont deux des rares qui ont percé dans les meilleures ventes (Loin d'Alexis Michalik et Le bal des folles de Victoria Mas), en présente aussi deux, ceux de l'historien Loris Chavanette et de la psychologue Caroline Valentini, tout comme Gallimard avec Charles Sitzenschul et Maylis Besserie, Grasset avec la chroniqueuse de « C l'hebdo » Pauline Clavière et la nouvelliste Salomé Berlemont-Gilles, Laffont avec la dessinatrice satirique Louison et Marco Caramelli.

36 femmes

Slatkine, avec les textes de François Colcanap et de Xavier Piertri, a fait le choix de ne proposer que des premiers romans pour son domaine français. C'est aussi le cas de 21 éditeurs dont l'Esperluète avec la journaliste de Télérama Béatrice Kahn, Liana Levi avec Boris Marme, Maurice Nadeau avec Grégory Rateau ou le Tripode avec Sophia de Séguin. Au total, 59 éditeurs se partagent les 71 titres.

Cette rentrée d'hiver est marquée par une légère domination des primo-romancières avec 36 femmes contre 35 hommes parmi les nouvelles signatures. Si Simon Berger (Laisse aller ton serviteur, Corti) est le benjamin de cette rentrée à 22 ans ex-aequo avec Sikanda de Cayron (Le sang des rois, Emmanuelle Colas), les primo-romanciers arrivent de plus en plus tardivement à l'écriture, 17 d'entre eux ont plus de 40 ans. Ils ont généralement une autre carrière derrière eux et certains sont déjà connus du grand public comme le réalisateur de 37°2 le matin, Jean-Jacques Beineix, l'acteur Malik Zidi, César du meilleur espoir masculin pour Les amitiés maléfiques ou Charlotte Gabris, humoriste repérée par Laurent Ruquier et actrice (Babysitting). Les lecteurs découvriront aussi sous une autre casquette le journaliste du Monde, Philippe Ridet, le prix Décembre essai 2010, Frédéric Schiffter ou le responsable des romans chez l'éditeur jeunesse Sarbacane Thibault Bérard.

Questions de société

Cette maturité leur fait entrer en littérature en s'inspirant des questions de société sur lesquelles ils prennent du recul. La responsable éditoriale chez Autrement Camille Bonvalet réfléchit à l'injonction faite aux femmes de se reproduire dans Echographie du vide (Autrement), Jean Rainscof se penche sur la sexualité masculine des baby boomers dans Ce qu'un homme est aussi (François Bourin) quand Zoé Sagan explore avec Ketamine (Au Diable Vauvert) la société contemporaine via la plus vieille intelligence artificielle du 21e siècle. La question des violences domestiques et familiales s'invite aussi dans cette rentrée avec La Golf blanche, du conseiller politique Charles Sitzenstuhl ou le récit de la nouvelle directrice de Julliard Vanessa Springora qui raconte le calvaire de son adolescence, sous l'emprise d'un écrivain de 36 ans son aîné (Le consentement, Grasset). A. G.

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