11 septembre > Roman Etats-Unis

En clôturant avec Goat Mountain, après Sukkwan Island et Impurs, un saisissant triptyque autour de sa famille et de son enfance violente, David Vann offre son livre peut-être le plus métaphysique. En réalité, ce quatrième roman traduit en français par Gallmeister est "un retour au matériau" d’une première nouvelle écrite il y a plus de vingt-cinq ans. Sans surprise, c’est une tragédie. Un drame qui se joue pendant un week-end d’ouverture de la chasse en 1978 dans le nord de la Californie. Quatre hommes, un garçon de 11 ans (le narrateur), son père, son grand-père et un ami du père, sont venus traquer le cerf dans le ranch familial, un territoire sans habitant où montagnes et forêts sont ancrées là depuis des âges mythologiques. Mais le choc d’échelles - oppressant huis clos dans une nature extra large, trame qui présente une certaine parenté avec Le canyon de Benjamin Percy (Albin Michel, 2012) -, ne construit aucun suspense. Dès la page 24, la mort est là. L’essentiel du roman s’enfonce alors dans les heures qui suivent un tir aux conséquences irréparables. Dans l’éternité de sa déflagration.

Fidèle à son geste qui dépèce sans détourner les yeux les corps et les cœurs, toujours aussi précis dans les descriptions de relations viriles dans ce wild typiquement nord-américain, David Vann travaille ici une matière plus mystique, aux références bibliques face à des pulsions meurtrières primitives. Cette fureur-là que David Vann connaît très intimement est aussi interrogée dans Dernier jour sur terre, une enquête-portrait consacrée à l’auteur d’une tuerie dans une université de l’Illinois en 2008, un récit inédit qui paraît dans la collection "Totem" dans lequel l’écrivain raconte comment il a hérité à 13 ans des armes à feu de son père. Deux livres aussi perturbants que passionnants. Véronique Rossignol

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