Héloïse Guay de Bellissen a mené plusieurs existences, dont celle de libraire. Son écriture, très littéraire, s'introduit dans les sombres recoins des hommes (Dans le ventre du loup, Flammarion, 2018). Les plaies, les cicatrices destructrices et l'envie de renaître sont au cœur de son travail. Ici, elle se penche et s'épanche sur les tatouages. Ils fleurissent à notre époque, mais que racontent-ils vraiment ? « On peut se loger dans les bras, les cuisses, le sexe, les pieds, les mains. Mais avant tout, on s'incruste dans les âmes. »

Voilà pourquoi l'auteure - qui se désigne comme « la fille-livre » - délivre son témoignage et celui d'autres tatoués « qui ont accompli le même voyage, la même odyssée. Un passage... » Le salon de son époux tatoueur se prête aux confessions. « C'est un livre qui rend hommage au relief de la chair », mais aussi à des parcours poignants. Marqués à l'encre noire ou colorée, ces gens très différents font graver un symbole indélébile. « Le tatouage connaît le langage de la rue, celui des non-dits, de l'amour, du non-amour, de la vie qu'on rêve, du rêve de la vie. » Mais aussi des plaies insurmontables. « Le tatouage, c'est l'histoire d'une réconciliation. Ça réconcilie l'impossible vivant et la possible mort. » Telle une revanche, une résurrection, indéniablement une façon de se réapproprier une part de soi. « Avance, sinon tu recules. »